Homme à louer : Episode 11

Le 29/05/2009

Anita avait le feu aux joues. Et il y avait de quoi ! Ne venait-elle de surprendre sa patronne en pleine de séance de … (elle n’osait même pas dire le mot) et cela avec une femme que celle-ci déclarait ne presque pas connaître ! Deux heures auparavant, Héléna lui avait annoncé qu’elle souhaitait n’être pas dérangée ; elle devait, en effet, recevoir une ancienne cliente à elle, une cliente sur laquelle elle avait des soupçons, à cause d’une vieille histoire mal résolue...

« Il est bien possible que ce soit elle qui m’ait dénoncée ! avait-elle expliqué à Anita, laquelle, armée de son plumeau, dépoussiérait alors les étagères de la bibliothèque. Dans mon précédent métier, j’ai eu… Disons un différend avec cette femme. Sans doute aura-t-elle voulu se venger en me balançant au fisc. Il faut que j’en aie le cœur net ! » Héléna avait donc exigé que sa bonne aille faire les courses pendant qu’elle s’entretiendrait avec l’hypothétique délatrice. La jeune Brésilienne s’était exécutée sans mot dire. Mais, revenue à dix-huit heures, elle avait été surprise de trouver le salon vide. Sans doute l’« invitée » était-elle déjà partie ? Cependant, sur la table basse placée devant le canapé, le portable d’Héléna, lui, était toujours là. La patronne se trouvait probablement dans sa chambre… Pour s’en assurer, à pas feutrés, Anita s’était approchée de cette pièce, située au bout d’un long couloir décoré de photographies en noir et blanc montrant des torses d’hommes nus. Là, à travers la porte, elle avait perçu des gloussements amusés. Ceux-ci lui avaient appris que l’inconnue n’avait pas encore quitté les lieux. Bon. Madame et son ex-cliente devaient parler chiffons et dentelles. En effet, la patronne n’adorait-elle pas montrer à ses amies ses collections de dessous ? Anita se demanda alors si elle avait bien fait de rentrer aussi tôt. Par crainte d’être réprimandée, elle alla se réfugier dans la cuisine, bien décidée à n’en sortir que lorsque l’« invitée » aurait décampé.

Mais elle avait à peine pénétré dans la pièce que le téléphone de sa patronne s’était mis à sonner dans le salon. Elle s’était précipitée pour répondre. Au bout du fil, elle entendit la voix essoufflée de Quentin. « J’ai besoin de parler à Héléna. Je suis coincé dans un ascenseur avec une cliente. Cela fait une heure, et nous arrivons à la fin du forfait. Que dois-je faire ? » Derrière le jeune étudiant on entendait la cliente qui râlait, réclamant que ce dépassement ne soit pas compté. Mais, à cet égard, Héléna se montrait intraitable ! Les garçons avaient ordre de la prévenir au moindre problème. Pour les extras, ils étaient libres. Mais, quant aux forfaits, ils ne pouvaient prendre de décision seuls. Héléna facturait les dépassements par quart d’heure et c’était sur ces dépassements qu’elle se faisait le plus d’argent. Par conséquent, le cas était grave. L’hésitation d’Anita ne dura que quelques secondes. « Je vais essayer de la prévenir… » C’est alors que, s’étant précipitée vers la chambre, et ayant entrebâillé la porte, elle avait eu la troublante surprise de découvrir sa patronne dans une posture incroyable. Assise sur son lit, les coudes posés sur le matelas, Héléna, entièrement nue, observait avec des yeux enflammés son ex-cliente (dont Anita ne vit que la crinière rousse déferlant sur une croupe d’albâtre un peu défraîchie) s’adonner entre ses cuisses offertes à un cunnilingus d’enfer. Anita avait aussitôt refermé la porte. « Madame ne peut pas vous répondre, monsieur Quentin. Elle est très occupée… » Quentin avait raccroché en déclarant qu’il rappellerait dans un quart d’heure. Un quart d’heure…Sa patronne en aurait-elle alors terminée ? Anita s’était réfugiée de nouveau dans la cuisine. Son cœur battait très fort. La tête lui tournait. Elle avala un grand verre d’eau pour se remettre de ses émotions. Mais une chaleur étrange dominait obstinément sa chair. Elle se sentait accablée par une langueur qui désaxait ses nerfs, par d’incoercibles impressions qui s’emparaient peu à peu de sa volonté. Il faut dire que depuis quelque temps elle ne se reconnaissait plus.

Elle si prude auparavant, elle se permettait à présent des impudicités que ses prières ne pouvaient guère absoudre. C’est bien simple, elle devenait parfois presque folle. Il lui arrivait ainsi de feuilleter le book d’Héléna pendant des heures, le soir, en rêvant. Les corps des quatre escorts hantaient ses nuits. Systématiquement, elle se réveillait en nage, la gorge en feu, le sexe trempé, en prononçant l’un de leur prénom. Et puis il y avait aussi tous ces mots, toutes ces histoires perverses qu’elle lisait dans les livres qu’elle chipait dans la bibliothèque de l’appartement. Ca lui dérangeait le cerveau. Aussi en venait-elle à des pratiques monomaniaques. Par exemple, elle était obsédée par certains termes parmi les plus crus. Le mot « bite », entre autres, la fascinait. Elle le trouvait d’une indécence incroyable. Et c’est pourquoi elle se le répétait une bonne quarantaine de fois par jour en rougissant d’une manière abominable. Dans la cuisine, la Brésilienne se trouvait donc en proie à une sorte de délire. Entre sa patronne qui se faisait lécher la vulve dans sa chambre à quelques mètres d’elle et cette cliente coincée avec Quentin dans un ascenseur, il lui semblait vivre dans un monde dominé par la lubricité. Cette pensée, tout en choquant ses convictions chrétiennes, échauffait furieusement son sang de vierge. Elle s’imagina qu’elle était elle-même la cliente de Quentin et qu’elle était bloquée avec lui dans une cage suspendue au-dessus du vide. Ils allaient peut-être bientôt mourir, n’était-ce pas une bonne excuse pour s’initier enfin aux coupables délices de la fornication !

Debout contre le plan de travail, elle releva sa jupe, baissa sa culotte. Couvert d’un épais buisson noir, son sexe rose se dévoila aussitôt à la lumière du jour. Elle avait les yeux fermés. Fouillant de sa main gauche le maquis des poils, elle se mit à caresser savoureusement les pourtours de son clitoris. Celui-ci ne tarda pas à bander très dur. Elle glissa son index dans l’ouverture de sa fente. Une mouille brûlante, crémeuse, inondait ses nymphes et ruisselait sur son périnée. Du bout du doigt elle en recueillit plusieurs gouttelettes avant de porter à ses narines son index humide. L’odeur forte décupla son excitation. Elle se masturbait maintenant de la main droite en continuant de se renifler. Et dans son esprit enfiévré les images se succédaient. Elle se voyait soumise. Quentin la forçait à le sucer. Lui qu’elle croyait si gentil à cause de son visage d’ange voilà qu’il abusait diaboliquement de la situation ! Aussi, tout en pleurant sur son innocence bafouée, la jeune femme s’exécutait-elle avec une ardeur sans égale. Par des propos ignobles, où il était sans cesse question du mot « bite », l’étudiant n’arrêtait pas de la salir et, impuissante, subjuguée, elle tétait son sexe en se délectant de ces outrages. Quelques instants après elle se faisait harponner par son énorme machin debout contre une cloison de l’ascenseur. La cabine remuait sous les coups de boutoir du jeune escort. Presque violent, il se montrait sans égard pour sa virginité. Il la déchirait. Et Anita, la frêle et innocente Anita, avait l’impression que son ventre allait exploser ; que son corps se dissolvait dans un immense creuset où douleur et plaisir fusionnaient. Enfin, un craquement épouvantable retentit. L’ascenseur chutait brutalement du haut de quinze étages. Ils s’écrasaient ensemble en jouissant dans un même cri.

« C’est du joli ! », lança alors une voix qu’Anita connaissait bien. Cette dernière sursauta et rouvrit les yeux. Sa patronne se trouvait en face d’elle. Rouge de honte, la Brésilienne remit sa culotte. A présent, elle se confondait en excuses larmoyantes. Mais Héléna qui, au delà de son petit caractère était d’une nature foncièrement bonne (à tous égards), la rassura : « Allons, allons, pas de simagrées ma petite. Voilà un flagrant délit de bon augure. Je préfère vous voir comme ça qu’en prière ! » Puis, après un nouvel éclat de rire : « Au fait, savez-vous que je m’étais trompée ? reprit-elle. La femme que j’ai reçue n’était pas ma délatrice ! J’avais cru ça parce qu’autrefois elle m’avait fait des avances que j’avais refusées. Une femme repoussée est souvent encline à ces sortes de vengeances. Ses confidences sur l’oreiller m’ont détrompée…Tant pis, j’aurais au moins passé un après-midi agréable. Mais ça ne me dit toujours pas qui m’a balancée aux impôts ! » Sur ces entrefaites, la sonnerie de son portable se fit de nouveau entendre. « C’est Quentin, madame. Il a déjà appelé tout à l’heure, mais alors vous étiez en plein… » Héléna répondit immédiatement. « Une heure un quart pour vous faire dépanner ? J’espère que la cliente n’en a pas profité… Et maintenant où êtes-vous ? Dans une chambre d’hôtel ? Bien. Désormais c’est toi que ça regarde mon chéri. Non, non, je déduirai le temps perdu du forfait. Mais dis-lui bien que ce sera sous forme d’à-valoir sur une prochaine commande ! Oui. C’est ça. Business is business. Bises. » Après avoir raccroché, Héléna s’étonna de ne plus voir Anita. Elle voulait que celle-ci refasse le lit de sa chambre… Elle l’appela : « Anita ! Anita ! » Or c’est en poussant la porte de la buanderie qu’elle la trouva. Au milieu du linge sale, les mains jointes sur la machine à laver, Anita priait. « Mon Dieu, disait-elle, délivrez-moi de la tentation ! » Et au bas de son dos bronzé, sur sa peau fine et tendre, entre le tissu de sa jupe noire et la bordure de son haut blanc, on voyait se dessiner la couture dentelée de sa petite culotte rouge.

[gris]Axelle Rose[/gris]