Les fantasmes, entre fantôme et fantaisie

Le 19/02/2013

L’origine du mot « fantasme » est à chercher du côté de fantôme, qui est l’apparition, le spectre d’une image. Pour Freud, c’est un message crypté qui court-circuite la censure et permet de faire une distinction entre le scénario imaginaire et le désir. C’est aussi la mécanique qui permet à la fois d’alimenter le désir sexuel, de diminuer la frustration et de contenir d’éventuels débordements. Pour le sexologue Erick Dietrich, les fantasmes sont un compromis entre le monde extérieur et les désirs intérieurs, et entre notre capacité d’adaptation à notre passé, un présent qui n’est pas toujours comme nous le souhaitons et nos appréhensions du futur.
Les fantasmes se construisent sur des souvenirs, des interdits, et la perception inconsciente que l’on a enfant de la sexualité de ses parents. De récentes théories socio-biologiques avancent que le niveau de testostérone aurait une influence sur les fantasmes (il est équivalent jusqu’à l’adolescence et devient 10 à 20 fois supérieur ensuite chez les hommes alors que chez les femmes il ne fait que doubler).
Quoiqu’il en soit, nous avons tendance, dans notre société occidentale, à vouloir contrôler les fantasmes, empêcher que des transgressions imaginaires flirtent avec des pensées qui seraient trop impies. Mais dans d’autres cultures et d’autres civilisations les approches sont toutes autres. En Afrique comme au Brésil et partout où il est considéré naturel de parler aux esprits et de pratiquer la transe, l’objectif est d’arriver à un apaisement en passant par des images particulièrement riches.
On a longtemps pensé que les fantasmes étaient réservés aux hommes, ou que les fantasmes des femmes n’étaient guère plus que le reflet de leurs frustrations, mais en tout cas pas le moteur de leur libido épanouie. Lorsqu’en 1973, alors que les magazines féminins interviewaient des médecins qui confirmaient que les femmes n’avaient pas de fantasmes, l’auteur américaine Nancy Friday publia le livre « My secret Garden », il fit l’effet d’une bombe, parce qu’il recensait les différents fantasmes des femmes. Elle a depuis continué à écrire de nombreux ouvrages sur le sujet et va même jusqu’à classifier les femmes en fonction de leurs différents fantasmes, avec un effet souverain pour toutes les lectrices, celui de ne plus se sentir isolée, presque anormale, à imaginer tout ce qu’il y a de plus amoral pour évacuer, comme les hommes, le plus de frustrations possibles.

Commentaires (1)

  • FredWe

    J’ai cru remarquer que nous, hommes comme femmes, fantasmions souvent à rebours ou en négatif de nos vies, de nos valeurs. C’est ce qui rends nos fantasmes parfois tellement perturbants, inavouables voir honteux. Il se peut que les fantasmes aient un rôle pour nous permettre d’apprivoiser nos peurs et les rendre moins inquiétantes. Il se peut que les fantasmes jouent le rôle de soupapes de sécurité nous permettant parfois de nous mettre en roue libre avant de reprendre le cours de nos vies fort raisonnables et contraignantes. C’est peut-être le souvenir de notre liberté et de notre désir de subversion face aux servitudes volontaires qui s’imposent dans la vie de l’individu raisonnable.
    De ma modeste expérience, j’ai cru remarquer que les femmes avaient pour certaines d’avantage tendance à se censurer ou à refouler de la conscience la possibilité du fantasme... contrainte sociale, surmoi plus actif ?