Seule au bar

Le 30/11/2009

J’ai envie de lui. Depuis déjà plusieurs semaines, je croise son regard. Le patron derrière le bar. Toujours un mot pour chacun. La stature de l’homme qui commande, et une impression de tendresse pour ses habitués. Je croise son regard clair et j’ai l’impression que ses yeux perçants se plantent dans les miens avant de me déshabiller. Je veux qu’Il me prenne. Ça doit arriver, je me demande seulement quand.

Un soir d’été, alors que la fréquentation est plus faible que d’habitude, un dimanche, quand le bar ferme plus tôt... "Tu restes prendre un verre ?" J’en meure simplement d’envie.

Alors qu’Il compte la caisse, un serveur est là qui passe le balai, range les tables, descend le rideau de fer. Je suis assise sur le comptoir, derrière lui et nous bavardons gentiment. Je sirote mon verre de vin en sachant que tout cela va durer un bon moment. Un long moment pendant lequel j’ai tout le loisir d’appréhender la suite. Je sais déjà qu’Il va me soumettre. Je le vois dans son regard, nous nous sommes compris. Je crois. J’espère.
Cette compréhension ne suffit pas. Être soumise c’est avoir peur. Toujours avoir peur de l’autre. Se demander jusqu’où Il peut aller. Et parfois espérer, dépasser ses limites.
Je pense à ce que j’aimerais qu’Il fasse, ce que je redoute qu’Il fasse, ce que je ne supporterais pas qu’Il fasse, ce que je crains qu’Il ne fasse pas. Et je pense aussi que trop fantasmer à l’avance c’est s’exposer à être déçue.

La chaleur m’envahit. L’alcool m’a déjà enhardie et j’ai l’impression que mon corps est uniquement tendu vers ce but. Je crève de me jeter à ses pieds pour le sucer. Mon sexe est brûlant et humide.
Et toutes ces banalités débitées pendant que ces images m’agitent me rendent encore plus nerveuse.
Et enfin. Enfin. Le serveur nous souhaite une bonne soirée avec un clin d’œil complice. Il croit que ce qui va se passer n’est secret pour personne. Comme Il se trompe.

Le patron est là. Seul. Debout devant moi. C’est enfin le moment, où tout va se décider, où chacun de nous va dévoiler son jeu. Et c’est à lui de commencer. Je suis toujours assise sur le comptoir, mon verre à la main, face à lui. Il me regarde. Comme s’Il n’arrivait pas à se décider. Comme s’Il ne savait pas par où commencer. Comme s’Il hésitait, comme s’Il avait peur. Il sourit légèrement puis en me regardant dans les yeux me dit simplement : "T’es une vraie petite salope toi, pas vrai ?"
Mon cœur manque un battement. Il m’a touchée, attrapée, ficelée avec cette phrase. Maintenant je ne bougerais plus c’est sûr. Je lui jette un regard troublé, intimidé, avec un petit sourire.

C’était le signe qu’Il attendait. Il semble parfaitement détendu maintenant. Je vois qu’Il est rassuré. Qu’Il a les choses en main et qu’Il va les mener avec assurance. Il garde le silence maintenant. Recule d’un pas et commence à défaire sa ceinture en gardant son regard planté dans le mien. Je sens l’adrénaline monter en moi. Alors qu’Il défait son pantalon, je me laisse glisser du bar et dans un seul mouvement me retrouve à genou devant lui, prête à officier.
Il extrait son sexe, mou. D’une main Il l’approche de ma bouche et de l’autre donne une inflexion légère à ma nuque. J’ouvre la bouche en tirant la langue et le prend délicatement. Je commence à sucer doucement et je le sens durcir progressivement, prendre de l’ampleur dans ma bouche.
Je me sens affamée. Comme si je pouvais pomper pendant des plombes. J’ai envie de l’avaler entièrement. J’y mets tout mon cœur. D’abord délicatement, je caresse son gland de ma langue et enfonce son pénis le plus profond possible dans ma bouche. J’aspire, de plus en plus fort dans un mouvement de va et vient. Puis je reprends conscience du reste de mon corps.
J’approche une main de ses couilles que je commence à malaxer doucement. Ses gémissement me parvienne de plus en plus appuyés, de plus en plus libre. Il ne dit rien.
Après quelques minutes, brutalement, Il retire son sexe de ma bouche. Je me sens comme un enfant à qui on retire son jouet, sans explication. J’aurais voulu le garder pour toujours.

Il m’attrape par le bras pour me relever et me pousse contre le bar. Derrière moi, je le sens bouger mais je ne vois pas ses mouvements. Puis je n’entends plus rien. Enfin, Il s’approche, doucement. Il pousse mon buste contre le comptoir tandis qu’Il soulève ma robe pour exposer mes fesses. Je l’entends s’exclamer. "Quel cul !" Je rougis, Il ne peut pas le voir. Il fait glisser ma culotte et l’enlève tout à fait. Je repose sur mes talons hauts, troussée comme une paysanne, mon cul offert à sa vue. Il recule. Je ne l’entends plus. Je me sens exposée. Vaguement mal à l’aise.
Il s’approche à nouveau et commence à malaxer brutalement mes fesses.
Puis, sans crier gare, une main enserrant fermement ma taille, Il enfonce un doigt entre mes cuisses. Dans un gémissement Il murmure que je suis déjà bien mouillée, que j’aime ça hein ? Je chuchote que oui.

Il glisse un autre doigt puis passe sa main sur ma vulve. Entre mes lèvres. Dans ma chatte. Je sens qu’Il prend plaisir à me barbouiller de cyprine. A prendre possession des lieux. Et plus Il se comporte en propriétaire, plus je désire être sa propriété. Tout en continuant à farfouiller dans ma chatte d’une main ; de l’autre, Il remonte sous ma robe et attrape un de mes seins, le malaxe rudement. Je ne mets pas de soutien gorge. C’est une habitude. J’aime la surprise amusée des hommes qui me touchent pour la première fois et découvrent mes seins nus.
Il m’attrape par les cheveux pour me redresser et enlever ma robe. Ceci fait, Il me repousse vers le comptoir. Il appuie ma face contre le bois puis de ses deux mains sur mes hanches, m’oblige à me cambrer encore un peu plus. De sa main gauche Il enserre mon cou fermement. Je me sens prisonnière, à sa merci. De sa main droite, Il reprend son mouvement de va et vient dans ma chatte. Dans cette position, Il est penché sur moi et je sens son torse contre mon dos nu. Sa respiration.
Un doigt. Deux... Trois. Je ne sais plus. Plus profondément. Plus brutalement. Je gémis. De plus en plus fort. Peu à peu, mon champ de conscience se réduit à mon vagin. J’ai l’impression qu’Il s’ouvre démesurément. Je ne pense plus qu’à ces doigts en moi. Le temps pourrait s’arrêter.

On frappe à la porte. Je sursaute. Il s’arrête. Il se penche un peu plus vers mon visage pour me chuchoter de ne pas bouger. Il va ouvrir. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Une personne qui regarderait par la porte entrebaillée tomberait à coup sûr devant mon cul offert. Mes jambes écartées. Ma chatte ouverte et trempée. Je voudrais disparaître. Mais je ne bouge pas. Puisqu’Il me l’a demandé. Et que c’est lui le patron des lieux.

Je l’entends ouvrir la porte. Il parle très bas. Impossible de comprendre ce qu’Il dit, ni à qui Il s’adresse. La personne en question peut-elle me voir ? Va-t-Il interrompre notre jeu pour une urgence quelconque ? Les minutes semblent s’étirer à l’infini. Je reprends peu à peu conscience de mon corps. Mes jambes me font mal. Les os de mes hanches ont cogné contre le bord du comptoir. Je vais avoir des bleus. Il y a un truc qui colle sous ma main... J’entends la porte claquer. Ses pas qui s’approchent.

Il contourne le bar pour s’asseoir en face de moi. Il murmure "Changement de programme." Il soulève mon menton, approche mon visage du sien. Ses yeux dans les miens, tout près... "Un ami est venu me rendre visite. Il t’a croisée au bar, Il a très envie de toi. - Qui est-ce ? - Chhh... Ne pose pas de question d’accord ? - ... - D’accord ?" Comme je fais mine de me retourner, Il me retient. "Tu es d’accord ? - ... oui."
Mais j’en tremble presque. De peur ? Ou d’excitation. A ce point, je ne sais plus.

J’entends du bruit derrière moi. Des pas qui s’approchent, le bruissement de vêtements qu’on défait. Montée d’adrénaline. Des mains se posent sur mes fesses. Caresses. Mon dos. Mes seins. Plus rien. Le patron a reposé mon visage contre le comptoir. Une main posée sur mes cheveux Il regarde l’autre.
Douleur fulgurante. Il m’a frappée. Sur les fesses. Du plat de la main, il m’a frappée. Et il recommence. Encore et encore. Chaque fois, mon corps bute contre le bois du bar et m’arrache des cris aigus. Je ne cherche pas à les retenir. Je connais ce genre d’hommes, je sais que ça l’excite. J’ai mal mais c’est supportable. Il retient ses coups. Mais continue. Encore. Encore. Ça brûle. Je serre les dents.
Je n’aime pas ça. Il ne s’arrêtera que quand mes fesses auront atteint la teinte recherchée. Un rouge vif. Luisant. Il ne me touche pas. Sauf du plat de sa main. Il frappe. Encore. Encore. Les larmes commencent à monter. Je ferme les yeux. Le patron, caresse mes cheveux. Et l’autre continue. J’ai l’impression que ça dure depuis de longues minutes déjà. Et il continue. Et cette fois, je pleure tout à fait. J’ai arrêté de crier et ne pousse plus que quelques gémissements.

Et puis il s’arrête. Enfin. Je sens qu’il approche son sexe de ma fente. Je ne suis plus du tout excitée maintenant. Il me pénètre. Brutalement. Profondément. M’arrachant à nouveau des cris. Il commence un lent et profond va et vient. Son sexe me paraît épais, je me sens déchirée. Et il accélère. Il me baise fort. J’ai mal mais la situation m’excite et je commence à y prendre plaisir. Je plonge mon regard dans celui du patron. Il me dévisage, guette le froncement de mes sourcils, ma bouche qui se déforme dans l’étreinte. Je ne le quitte pas des yeux. C’est avec lui que je baise vraiment. L’autre continue à baiser tandis qu’Il caresse doucement mes cheveux. Enfin Il m’embrasse à pleine bouche. Je m’accroche à sa bouche comme tout à l’heure à sa bite, comme une naufragée.

Puis l’autre s’arrête. Il se retire. Je sens qu’il maintient mes cuisses fermement écartées tandis que sa langue s’approche de ma vulve. Il la glisse doucement sur le haut de mes cuisses. La caresse est douce alors que mon vagin me brule. Il remonte lentement vers mes lèvres. Je sens mon clitoris se gonfler d’excitation quand il s’y pose délicatement. Je tressaille. Il lape. Il fait ça bien. C’est rare, des hommes qui sachent me prendre. Comme ça. C’est... si bon. Je suis totalement immobilisée. Mon buste contre le bar, mon visage dans Ses mains, mes yeux dans les Siens. Mes jambes maintenues dans les mains de l’autre, à la merci de la jouissance. Qui monte. Tranquillement. Sans un faux mouvement. Est-ce que ? Oui. Il glisse une main vers mes fesses. Il va le faire. Il glisse un doigt dans mon cul. S’il continue, c’est sûr je vais jouir.

Mais il s’arrête. Se relève. Son doigt toujours en bonne place. De l’autre main, il continue de caresser mon clito. Je sens mon anus se dilater progressivement. Est-ce qu’il va ? Je crois qu’il va le faire. Il crache. Je sens que son doigt glisse, de mieux en mieux, de plus en plus profondément. Je veux qu’il le fasse. Je gémis. J’ai envie de lui crier de le faire. Mais. Ce n’est pas mon rôle. J’attends. C’est ce que je dois faire. Il prend son temps. Je crois qu’il a senti mon impatience. Il veut me torturer un peu. C’est son rôle, à lui. Et enfin... il m’encule.
J’ai peur qu’il me fasse mal mais je suis tellement excitée que je doute que ça puisse arriver. Je sens enfin sa bite. Dans mon cul. Il pénètre lentement mais avec assurance. En moins d’une minute il est chez lui. Sa main toujours sur mon sexe. La langue du patron dans ma bouche que je suce. Je suis pleine. Et heureuse. Je crois qu’Il commence à se branler. Et l’autre accélère. Accélère encore. Si ma bouche n’était pas obstruée, je hurlerais pour de bon. Mon plaisir monte et monte. A ce moment, la seule chose que je redoute c’est qu’il s’arrête. Je vais jouir. Je me prends à rêver qu’il jouisse dans mon cul. C’est un peu dégoûtant mais tellement excitant.
C’est si bon, tout ce qu’il y’a dans ma tête c’est "Mon dieu que j’aime me faire enculer !" L’autre garde le rythme, ne lâche pas la pression sur mon clitoris et... je jouis. Le patron retire sa langue de ma bouche et alors je me mets à crier si fort qu’on doit m’entendre de la rue. Je sens que mes jambes vont se dérober. L’autre me maintient d’une main, il s’immobilise, je l’entends grogner. Il tremble. Je tremble. Il a déchargé dans mon cul. Je lui en suis... reconnaissante. Ce sentiment me surprend moi-même. Il reste un moment sans bouger. Puis, quand il se retire, je sens un liquide brûlant couler le long de mes cuisses.

Je suis haletante, les larmes aux yeux. Le patron m’embrasse. Essuie mes larmes. Tandis que l’autre se rhabille et sort. Quand j’entends la porte claquer, je me laisse glisser sur le carrelage froid. Il me rejoint. S’assoie à mes côtés et me prend dans ses bras. Il caresse mes cheveux, mes épaules, mon ventre. Après toute cette sauvagerie, j’ai tellement besoin d’un câlin. Et c’est si rassurant de savoir qu’Il sait cela. Nous restons comme ça de longues minutes.

Et puis il se relève et m’attrape par le bras. Il me présente sa bite et il est temps pour moi de le remercier. Je suis épuisée mais tellement reconnaissante que je n’aurais pas de mal à trouver l’énergie de le satisfaire. Il a perdu son érection. Je le prends donc tout doucement dans ma bouche. Je titille son gland avec ma langue, remplis ma bouche avec sa bite. Mais elle ne gonfle pas. Je descends ma bouche sur ses cuisses, l’embrasse, le caresse. Je glisse mes mains sous ses couilles, les soulève légèrement, les lèche, remonte jusqu’à la base de son sexe, le reprends. Mais mes caresses sont sans effet. Je sens qu’il trépigne, qu’il est mal à l’aise.
Tout à coup il me soulève et me sert contre lui. Alors que je pose sur lui un regard interrogateur il me dit "Non, mais... T’es pas une fille qu’on baise toi. T’es une fille dont on tombe amoureux."

[gris]Mademoiselle Sarah[/gris]

Commentaires (13)

  • Liliane

    Franchement excitant ! Bravo.

  • ororea

    Jouissif !!!!!

  • Anonyme

    Excellent. Très excitant et bien écrit !
    Félicitations

  • Mademoiselle Sarah

    Merci pour vos commentaires. Et merci au jury.
    Et si j’avais su... J’aurais un peu mieux corrigé mon texte... Tant pis !

  • Waouh

    Waouh. A ne pas lire au bureau :D Je confirme.

  • chazion

    tres beau texte poignant de réalisme et de sensualité
    ENCORRE !!!!!!!

  • Anonyme

    naufragée ! c’est le mot, la pauvre fille

  • Anonyme

    Merci Mademoiselle Sarah pour cette sublime nouvelle à la fois poétique et sauvage.
    Ce fut un très bon moment !

  • valentin

    interressant !effectivement et tellement bon de pouvoir l exposer ainsi !je pense q elle le meritait !!

  • Anonyme

    fantastique ça donne envie !!!

  • pLyBzaggUEkoQilUq

    You’ve got it in one. Couldn’t have put it btteer.

  • liulee

    naze la premiere phrase du barman, franchement ça fait lecture pour affamées, genre ’50 shades of grey’

  • liulee

    et le reste est loin d’être réjouissant, non franchement je veux bien que sous le vernis "écriture érotique féminine" on essaye de faire passer beaucoup de niaiseries mais là c’est la porte ouverte à tout !
    Et la culture préservatifs au passage c’est pour les chiens ?
    En tant que trentenaire urbaine active sexuellement je trouve extrêmement limite de ne pas inclure les préservatifs dans une nouvelle érotique !