Murakami à Versailles

Le 16/07/2010

Une nouvelle exposition d’art contemporain à Versailles et la polémique est assurée. Après Koons en 2008 et Veilhan en 2009, c’est le tour de Murakami, le plasticien post-pop art japonais, d’être "censuré" dans ce haut lieu de la culture française.

L’objet du délit, ces deux figurines, My lonesome cowboy et Milk, datant de 98, et estimées à plus de 15 millions de dollars, pourtant plus intéressantes que ses fleurs incrustées sur les célèbres sacs monogrammés.

Évidemment, des associations réactionnaires se sont jetées sur l’affaire comme la petite vérole sur le bas clergé : après Koons, accusé d’avoir « blessé des enfants avec ses allusions pornographiques », ces thuriféraires de la poussière patrimoniale refusent un peu de manga dans le château des Bourbon. Et pour les calmer, on leur laisse le vieil os de la « pornographie » à ronger : pas de sperme ni de seins à Versailles.

Laurent Brunner, directeur de Versailles Spectacles, promet « On n’exposera pas d’œuvres pornographiques dans un château ouvert aux moins de 18 ans. Plein d’œuvres classiques ne sont pas montrées à Versailles à cause de leur ambiguïté, ce sera pareil pour Murakami ». Même si ces œuvres n’étaient pas prévues à l’origine, il est clair qu’elles ont été écartées de facto de l’exposition.

A quand un "L’Enfer" consacré à l’art contemporain ? Vu l’esprit du temps, il y aurait de quoi faire !

[gris]Philippe Hénot[/gris]

Murakami Versailles
Du 14 septembre au 12 décembre 2010

Château de Versailles

Commentaires (5)

  • Violaine

    Moi ce qui me choque ce n’est pas le caractère pornographique de ces statuettes, mais leur estimation en dollars, n’est-elle pas là la pornographie ? Je veux parler de la pornographie dans sa vilaine acception.

  • Maria

    Toute chose à la valeur qu’on lui prête. En suivant votre raisonnement, Turner, Picasso et tous les artistes vendus chez Sotheby’s ou Christie’s & co sont donc des pornographes.
    Aller au Louvre serait comme aller dans un sex-shop ?

  • Nico

    Comparer une toile de Turner à une mini statuette manga, ça me laisse dubitatif. Mais je rejoins Violaine quand on sait que certains artistes sont morts dans la misère, l’acharnement de certains milliardaires à vouloir posséder leurs créations est assez dingue.

  • Olga toujours partante !

    Pour répondre au journaliste qui a écrit cet article, je me permets de préciser qu’il y a eu une exposition l’année dernière il me semble, qui traitait justement de la censure. Laquelle n’est pas toujours due à une soi-disant pornographie.... L’idée de l’expo recentrée sur ce qui touche au sexe me plait infiniment ! Vite un commissaire !

  • Francisco

    Dans le cas présent, utiliser le terme Censure est vraiment abusif. Il est normal qu’un commissaire prenne en compte le lieu et son public pour constituer une exposition. Ben oui, un établissement public qui reçoit toutes sortes de gens, dont de nombreux enfants, ne va pas exposer une statue éjaculante. Une oeuvre s’adapte à un lieu qui s’adapte à un public. C’est insulter les vrais victimes d’actes de censure que d’associer ce mot à la polémique de salon que Murakami va susciter à Versailles et qui fera juste vendre les journaux. La censure, ce n’est pas ça et c’est bien plus grave pour l’artiste qui en est victime, comme en Russie actuellement où deux commissaires ont échappé de peu à la prison mais ont été condamnés en justice pour une exposition dérangeante.