La jupe bientôt interdite au collège ?

Le 01/06/2011

La semaine dernière, Lola, une élève de 11 ans, se rend comme tous les matins à son collège de Seine-et-Marne. Souhaitant profiter du beau temps, elle porte une jupe en jeans. Mais lorsqu’elle pénètre dans l’établissement, une surveillante l’interpelle. Cette jupe n’est pas conforme au règlement intérieur, lequel stipule que les élèves doivent revêtir « une tenue décente masquant les parties intimes et les sous-vêtements » explique-t-on à la fillette. Lola doit donc dissimuler ses jambes. Comment ? La solution est rapidement trouvée. Une blouse empruntée à une femme de service fera l’affaire. Et voici la collégienne affublée de ce vêtement d’adulte qui lui descend jusqu’au pied. Arrivée en classe, Lola essuie les moqueries de ses camarades. Pire, le professeur lui-même ne manque pas de relever par une raillerie la bizarrerie de cet accoutrement. Hilarité générale. Lola n’a plus qu’à se soustraire du mieux qu’elle peut aux regards des rieurs. Cela pour le reste de la journée.
Le mois précédent c’est la sœur jumelle de Lola qui, dans le même établissement, avait été réprimandée pour un motif similaire : elle ne portait pas de collants suffisamment opaques au goût du personnel d’éducation. Jugeant que ces réprimandes relèvent de l’abus d’autorité leur mère vient de porter plainte auprès de l’inspection académique de Seine-et-Marne. De fait, la défense de l’administration est assez édifiante. Pour justifier que les jambes des collégiennes soient désormais tenues cachées, l’inspecteur d’académie invoque ainsi la sexualisation précoce des adolescents et s’appuie sur des travaux de psychiatres (rien que ça). A cela, la mère des deux fillettes répond par le bon sens : « On prête aux adolescents une sexualité qu’ils n’ont pas, déclare-t-elle. La jupe ou la robe ne sont pas des vêtements forcément liés à la vulgarité ». De plus, elle indique que ses filles n’ont pas enfreint le règlement intérieur puisque leur tenue dissimulait parfaitement leurs parties intimes et leurs sous-vêtements.
Les deux incriminées, pour leur part, ne se privent pas de remarquer que les garçons, eux, peuvent se permettre de porter des jeans taille basse qui montrent la moitié de leur caleçon sans encourir le risque de devoir revêtir une blouse aux dimensions ridicules.
Leurs petites camarades ne comprennent pas non plus pourquoi elles devraient porter des leggings sous leurs jupes alors que la chaleur rend cette solution difficilement supportable.
Quant aux garçons ils s’étonnent malicieusement des mauvaises pensées qu’on leur prête. « C’est joli une fille en jupe. On ne va pas leur sauter dessus pour autant. » remarque l’un d’eux.
La principale du collège, elle, entend néanmoins maintenir la règle qu’elle a fixée. Les jupes ne seront admises dans son établissement qu’à condition que les jambes soient couvertes. Ce qui, comme chacun le sait, est parfaitement cohérent avec le principe de ce vêtement…

[gris]Armande Béjart[/gris]

Commentaires (9)

  • Révoltée

    On est reparties à la case départ ? Les hommes sont des prédateurs qui nous dévorent et nous nous d’innocentes victimes ? Jusqu’à qu’en va t-on enfermer la femme dans un rôle si réducteur ?

  • Exaspérant

    Ca me revolte ! chacun peut porter ce qui lui plait , et tant pis si les mecs sont en chaleur c’est pas notre probbleme

  • Pierre

    Certes, chacun peut s’habiller comme il le souhaites, mais dans le présent cas, c’est dans l’enceinte d’un établissement scolaire. Ceci n’enlève rien au fait que je ne partage pas le point de vue de la principale. A mes yeux, on est clairement dans un excès d’interprétation du règlement intérieur. Meme mini, une jupe couvre les sous-vêtement et les parties intimes. Il faut volontairement se pencher, ou une maladresse de la jeune femme, pour apercevoir quelques choses. Et même à son âge, je pense qu’elle n’a pas du tout envie que l’on puisse voir sa culotte. Je partage totalement le point de vue de la mère : abus d’autorité.

    J’ai été surveillant deux ans, et j’ai été confronté deux fois à des tenues que j’ai estimé limite. Le premier cas était une mini-jupe portée par une collégienne. A titre personnel, j’ai trouvé ca un poil juste pour une jeune femme de son âge. Si j’avais été parent, je n’aurais pas laissé mon enfant partir avec une jupe si courte ^^ Toutefois, cela n’était ni provocant ou choquant, je n’ai donc pas réagit. Par contre, le second cas, une lycéenne, m’a incité à intervenir : un petit haut, dos nu, descendant jusqu’en bas du dos, et qui du coup dévoilait la lingerie (soutient gorge, et culotte ou string, j’ai pas souvenir). Je ne me suis pas permis de lui faire revêtir une autre tenue, estimant que ce n’était pas à moi de l’habiller, mais j’ai néanmoins tenue à discuter avec elle de sa tenue. Nous en sommes venu à parler de la visibilité des sous-vêtements, et je lui indiquais que par décence, il convenait d’éviter cela au sein d’un établissement scolaire. Elle a proposée de mettre son gilet, qui même s’il ne couvrait pas entièrement le dos, couvrait le soutient gorge (ce que j’estimais amplement suffisant). Bon, la proviseur, qui l’a vu 5 minutes après, l’a faite rentrer chez elle pour changer de tenue... Mais je pense que la discussion a été plus profitable que la "sanction". ^^
    De la même manière, il m’est arrivé à plusieurs occasions de faire remonter les pantalons ou short des jeunes hommes. Le plus grand nombre de remarques que j’ai eu à faire les concernaient d’ailleurs. Combien de fois ais-je du leur dire de boutonner leur chemise ouverte jusqu’au milieu du torse... Certes, nous sommes dans le Sud, mais quand même...

  • Fabien

    Ne devrait on pas revenir à l’uniforme, les filles en jupes plissée en dessous du genoux et grandes chaussettes et les garçon en bermuda et grandes chaussettes, seuls les couleurs restant à la discrétion des parents... Évidement, les fabricants auraient tous le même patron.

  • Enervée

    Jupe obligatoire et short interdit au tennis, jupe quasi-interdite à l’école si elle n’est pas sous le genou, voile, pas voile ? Ce qui semble poser un problème, c’est le corps de la femme. Est-ce qu’on ne sait plus quoi en faire ?

  • Cécile

    J’avais laissé un commentaire allant dans le même sens que celui de Fabien sur le retour de l’uniforme, mais il a disparu... Uniforme oui, modèles du passé je ne suis pas pour : d’abord la jupe plissée est presque plus fantasmée que la mini chez les adeptes du lolitisme, ce serait pire que mieux ! Et puis ça rapproche un peu beaucoup des looks lycées catho du 16ème. Je le sais, mon grand-père y habite !... Non, moi j’imaginerais plus tout le monde en jean/tee-shirt/baskets : ni marketting, ni sexualisation, ni compétition sociale à l’école. Et je suis 100% d’accord avec Enervée.

  • Cécile

    Petit bémol cependant sur le commentaire d’Enervée : tout à fait d’accord sur les contradictions entre "sexualisation publicitaire" et "bégueulisme", mais en l’occurrence il ne s’agit pas d’une femme : Lola a 11 ans. La sphère parentale doit aider les toutes jeunes filles, surtout dans cette période transitoire qu’est la pré-adolescence, à maîriser un minimum les "signaux sexuels", ou ce qui peut être vu comme tel, qu’elles envoient plus ou moins consciemment, par jeu ou envie de briller. C’est ce que je fais avec la mienne, qui a bientôt 10 ans. Si ce travail n’est pas fait en famille, comment l’école doit-elle se positionner ?

  • Hartley Fletcher

    Ma petite fille (8 ans) fréquente un collège
    privé en Angleterre. Uniforme obligatoire !
    Filles : jupe plissée jusqu’au genoux,
    corsage, foulard et veste avec écusson, Chapeau rond avec ruban.
    Garçons : demi-pantalons jusqu’aux genoux,
    chemise et cravate, veste avec l’écusson,
    Casquette "bowl".
    Elle a pu choisir pour sa jupe les couleurs du
    clan Ecossais de son arrière grand-mère.

  • FredWe

    Il me semble me rappeler que dans les années 70, des jeunes filles de 11 ans portaient fréquemment des jupes au dessus des genoux sans que personne ne pense à mal. Curieux tout de même que nous nous trouvions à ce point aujourd’hui coincés et désorientés entre les excès d’un commerce de mode sexualisant des "nymphettes", et un retour rampant de divers intégrismes. Serons nous tous sommés un jour par ces deux groupes de pression antagonistes, de légiférer sur chaque choses de la vie courante ?