Mai 68 Version 69
Le 25/01/2010
Un film de Bernardo Bertolucci avec Michael Pittt, Eva Green, Louis Garrel. Sortie en salle le 10 Décembre 2003.
Une fiction autour de Mai 68, ni une reconstitution historique, ni une fresque nostalgique. On n’y trouve ni barricades ni idéologies étudiantes, seul un huis clos intime, charnel où la sexualité et le cinéma résument seuls l’esprit de ce joli mois de mai. C’est le cinéma qui nous entraine dans cette révolution intellectuelle et sexuelle, cette soif de liberté. Les premières images nous plongent au cœur de l’affaire Langlois, écarté de la cinémathèque par Malraux. Par un subtil jeu de montage, Bertolucci met en parallèle des images d’archives et des scènes filmées.
On peut ainsi voir Jean-Pierre Léaud jeune lisant un tract devant la foule et l’acteur reproduisant la même scène aujourd’hui. C’est là que le trio va se former. Isabelle et son jumeau Théo rencontrent Matthew, un étudiant américain. Fervents cinéphiles, leur vie est indissociable du cinéma. Le reste du film se déroulera dans la chaleur d’un appartement haussmannien.
Cloitre intimiste évoquant Le Dernier Tango à Paris. Des liens étroits vont se nouer autour du couple de jumeaux et de leur invité. Entre imitation de scènes de films et débats sur Keaton et Chaplin, une relation plus sensuelle que sexuelle va prendre forme. Accompagnées des thèmes des 400 coups de Truffaut ou du Pierrot le Fou de Godard, le jeu des correspondances va atteindre son sommet quand le trio essaie de battre le record établi dans Bande à Part de Godard : traverser les salles du Louvre en moins de 9 minutes 45. Les adolescents rêvent de vivre en poésie, sans tabous ni scrupules.
Bertolucci filme les corps nus de ses jeunes acteurs avec pudeur et insistance. L’esthétisme est évident, on oublie la nudité, tout voyeurisme est effacé. Cinéphilie, politique, sexualité, Bertolucci renoue avec des thèmes qui lui sont chers pour nous livrer le voyage initiatique de ces Enfants terribles.
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