La dictature de la performance phallique !

Le 28/10/2010

On a beau dire que les hommes en font souvent des caisses, tout le temps même, qu’ils sont traumatisés par toutes les balivernes inventées par les magazines féminins du type Psychologies, pour les plus “sérieux” ou Glamour dans son complément “sexe”, resservi à la même sauce samouraï chaque été, n’empêche qu’il faut avouer que certaines fois, ils sont là au bon moment, exactement là où on les attend, avec ce qu’on veut, encore faudrait-il qu’ils le comprennent !

Ça commence un peu comme toutes les histoires : une fille rencontre un garçon, un soir, lors d’un concert. Ils se taquinent, se tournent autour, se cherchent, et finissent immanquablement par se trouver. Alors ça se fréquente gentiment. Et c’est chouette parce que c’est simple, parce que c’est naturel, parce que ça leur fait plaisir d’être bien tous les deux sans voir plus loin que le bout de leur nez. Ils sont complices à l’excès, en totale confiance, c’est le pied.

Et le garçon présente à la fille un deuxième garçon, son meilleur ami. (C’est à ce moment-là que vous commencez à vous inquiéter.) La fille se méfie un peu, elle se méfie d’elle-même, parce que le meilleur ami lui plaît. Le meilleur ami lui plaît un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Et c’est la folie qui s’empare d’elle, parce qu’un soir de grand vent, elle se retrouve en tête-à-tête avec les deux.

C’est ici que ce que j’appelle la dictature de la performance phallique entre en jeu. Parce que les deux garçons sont incapables de s’oublier l’un l’autre. Qu’ils se tirent la bourre entre eux. Qu’ils ne se disputent pas, mais se disputent la fille, qui ne le vit pas plus mal que ça. Parce qu’ils veulent la partager sans pouvoir se la partager. Parce qu’elle est tout sauf un obstacle entre eux deux. Elle est simplement là, au milieu, au chaud entre deux corps qui ne veulent pas fusionner. Ainsi, elle ne fusionne ni avec l’un, ni avec l’autre, et ça la frustre, excessivement.

La fille est fatiguée de n’être qu’un prétexte à la promiscuité, dans l’impossibilité de pouvoir choisir entre l’un et l’autre, comme si tous les trois étaient inextricablement liés, sans notion de tromperie, de jalousie, de possessivité exacerbée ni de triolisme lubrique. Ils sont juste là, tous les trois, à se donner de l’amour, sans se soucier des conséquences.

Évidemment, conséquences il y a. Le premier garçon se lasse, s’ennuie, laisse la fille seule pour s’acoquiner avec une autre, la “laisse” à son ami qui lui présente à son tour un ami à lui. La fille crie intérieurement à la mascarade. Trahie par le premier garçon, s’interdisant le deuxième, elle se tourne irrémédiablement vers le troisième garçon, bêtement, comme pour se rassurer de l’intérêt qu’elle peut susciter. Bonne pioche : la fille et le troisième garçon sont ensemble comme deux coqs en pâte. Pas de sous-entendus, pas de subtilités, ils se voient et ne le cachent pas, tout le monde le sait et tout le monde le voit. Et pourtant…

La fille se retrouve une dernière fois, par hasard, dans tout ce micmac, une dernière fois avec le meilleur ami, et vit un moment d’anthologie. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne sait pas comment, mais ce moment est magique. Et elle ne pense plus à rien du tout, elle est traversée par tant et tant de jouissance qu’elle se demandera plus tard comment elle a pu passer à côté de ça si longtemps.

Quel rapport avec la dictature de la performance phallique, me direz-vous ? Alors que la fille est persuadée d’avoir passé le moment le plus sensuel de toute son existence, et Dieu seul sait au combien elle apprécie la sensualité, le deuxième garçon va s’excuser de lui avoir fait vivre ce qui, selon lui, était un des moments les plus pathétiques de toute son existence. Et pourquoi ? Parce qu’il n’avait fait qu’utiliser ses doigts.

(cc) Alex Dram

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