Attache-moi (part #4)

Le 26/10/2009

Je prends dans mon sac à main un foulard noir alors qu’il est en train de regarder vers le haut les immeubles environnants. Je me demande ce qui lui passe par la tête. Il ne semble pas anxieux, juste curieux et surpris. Je suis excitée. Je profite de son inattention pour lui bander les yeux avec le foulard. Il se laisse faire, n’opposant aucune résistance. Je n’en n’attendais pas moins de lui.

boucheAu moment où je lui appose le bandeau, je sens, chez lui, une marque d’inquiétude mélangée au plaisir. Il sourit, je l’embrasse. Sa respiration s’est accélérée, témoignant effectivement d’un petit coup de stress. Je pose ma main sur son pectoral gauche et je sens son cœur battre un peu plus fort que la normale. Je lui caresse le dos pour le détendre.

Je me recule et lève le bras comme si j’allais le gifler. Je ramène ma main à son visage et m’arrête à quelques centimètres. Il ne bronche pas, il ne voit donc rien. L’histoire de «  combien de doigts j’ai là ? » ne m’a jamais inspiré confiance, on peut toujours mentir. Par contre, faire comme si on allait mettre une gifle très violente à quelqu’un provoque chez ceux qui voient au travers d’un foulard, un mouvement de recul par réflexe.

Je mets mes deux sacs à la même épaule et lui prends le bras droit afin de le guider. Nous avançons lentement vers la porte de l’immeuble devant lequel le taxi nous a déposés.

« - Stop, arrête-toi ! »
Il s’arrête net devant la porte. Je fouille dans mon sac à main afin de retrouver l’enveloppe. Je sors le petit bout de papier où est inscrit le code de la porte. Une sonnette retentit, je pousse la lourde porte que je maintiens ouverte avec un pied, l’attrape d’un bras en lui demandant de faire attention à la marche. Nous pénétrons dans l’entrée et avançons, liés par nos bras, jusqu’à l’ascenseur.

Je lui ouvre la porte, le pousse au fond du petit habitacle et m’engouffre à mon tour. J’appuie sur le « 5 ». Il reste silencieux. J’ai envie de le toucher, mais je me retiens. Je le regarde, les yeux bandés, la tension monte. Dans un léger sursaut, l’ascenseur s’arrête. Nous y sommes. Je pousse la porte, pose mes sacs au sol et me retourne vers lui pour lui prendre les deux mains pour le faire sortir.

« - Ne bouge pas !

-  Ok !  »

Je sors la clé de l’enveloppe et me dirige vers la porte de gauche sur le palier. Je la tourne avec difficulté dans la serrure et arrive enfin à mes fins. Je connais cet appartement. J’y ai déjà passé de jolis moments. Je prends mes sacs sur le palier, les dépose au sol dans le salon. Je retourne sur le palier, je le prends par la main et le guide au travers de l’appartement. Dans une pièce, elle a disposé exactement tout ce dont j’ai besoin, elle en a même rajouté, ça ne m’étonne pas d’elle, toujours prête à aider et surtout à faire plaisir. Il attend sur le pas de la porte. Il entend le bruit de mes talons sur le plancher qui craque légèrement. Je suis consciente du son et j’en joue, je marche très lentement dans la pièce, admirant la disposition des différents objets et accessoires, lançant de temps à autre un regard vers lui.

C. a laissé une chaîne sur la table, les maillons sont assez gros. Je me demande où elle l’a achetée : Castorama, le rayon bricolage du BHV, Leroy-Merlin ? Cette chaîne est très belle. Je la prends en main, la soupèse et la laisse retomber sur la table tout en le regardant afin de constater dans quel état d’esprit ces bruits peuvent le mettre. Il semble amusé.

Au centre de la pièce : une chaise est recouverte d’un drap blanc. Décidément, C. fait bien les choses dans les moindres détails. Au-dessus de cette chaise, au plafond, se trouve un crochet, elle m’a facilité le travail en y installant une poulie et une corde. Je suis aux anges, tout est parfait.

Je me dirige vers lui, lui prends les mains pour le faire avancer et l’aide à s’asseoir sur la chaise.

« - Ne bouge pas. Je reviens, j’ai deux trois trucs à faire avant et je dois vérifier un ou deux détails.

- Ok ! Mais qu’est-ce que tu me réserves ?

-  C’est pas drôle si je te le dis.

- Oui, mais je suis curieux.

- Je sais bien. Tu me fais confiance ?

- Oui. »

Je me retourne et me dirige vers le salon. Sur la table basse sont disposés des coupes à champagne, des verres à vin, deux cendriers, de l’encens et une feuille où il est écrit quelque chose : « Il y a des bouteilles de Champagne et du vin blanc au frais. Tu trouveras des bouteilles de vin rouge dans le premier placard à droite du frigo. Pour les autres alcools, tu connais la maison. Fais comme chez toi ! On se voit plus tard. Bises. C. ».

J’enlève mon manteau que je dépose sur le portemanteau à l’entrée. Je fouille dans mon sac à main, je sors un paquet de cigarettes, un briquet et mon téléphone portable que je dépose sur la table basse. Je me dirige vers la fenêtre afin de l’entrouvrir. Je prends une cigarette et l’allume et je marche lentement vers le centre de la seconde pièce où il se trouve, toujours assis sur sa chaise. Je tourne autour de lui, mes talons font un bruit répétitif sur le plancher « Tac ! Tac ! Tac ! Tac… ».

Je reviens au salon, j’allume la chaîne. Je fouille dans la collection des compact discs de C. Je sais qu’elle a cet album et il me rappellera un joli souvenir passé en bonne compagnie, une nuit dans un autre appartement où il avait été question de cordes. Ça y est ! Je l’ai en main : « The Dark Side of the Moon » de Pink Floyd. Mes oreilles sont sur le point de jouir quand les premières notes de « Speak to me » se font entendre. J’augmente le volume. J’ai des frissons dans tout le corps.

Je retourne dans l’autre pièce qui n’est séparée du salon que par une double porte-fenêtre dont les portes ont été enlevées pour donner un effet de profondeur à chacune des pièces. Je fais de nouveau un tour autour de lui et retourne au salon en lui passant de manière nonchalante ma main sur l’épaule.

Je me dirige vers la cuisine, ouvre le frigo et en sors une bouteille de Champagne. Je la regarde et je me dis que je vais devoir y mettre du mien pour l’ouvrir. Je n’ai jamais été douée pour ouvrir les bouteilles de Champagne ni les bouteilles de vin.

Je reviens au salon, tire sur ma cigarette, la pose sur le bord du cendrier et souffle la fumée en essayant de faire des cercles. J’enlève le papier du bouchon de la bouteille. J’approche une coupe de la bouteille. Je dénoue l’embout métallique, le retire doucement et commence à dévisser le bouchon tout en tirant dessus lentement « Poc ! », j’approche rapidement la bouteille du verre afin d’éviter la catastrophe de la mousse qui pourrait monter trop vite, mais il n’en est rien, je peux verser le Champagne dans le verre sans en mettre de partout. Je prends ma cigarette dans une main, la coupe de Champagne dans l’autre et me dirige à nouveau d’un pas lent vers l’autre pièce.

Je m’arrête à un mètre cinquante de la chaise, face à lui.

« - Déshabille-toi !

- Mais à quoi tu joues ?

- Déshabille-toi je t’ai dit ! »

 

[A suivre]

Cet article est repris du site http://ladiesroom.fr/2009/09/02/att...

Retrouvez d'autres articles sur le site : http://ladiesroom.fr/back-room/