#Report : Torture Garden à Nancy (03.10.09 - T.O.T.E.M.)

Le 26/10/2009

Depuis mon retour à Paris en 2008, j’écume les soirées fétichistes à droite à gauche, surtout les parisiennes (question de commodités), il faut l’avouer. Le milieu, petit, est souvent sujet à critiques pour multiple raisons : concurrence, égos surdimensionnés, élitisme que je qualifierais de masturbation intellectuelle et j’en passe.

TGRevenons-en à nos moutons : La Torture Garden à Nancy.
Afin de situer, pour ceux qui ne connaissent pas, la Torture Garden est une célèbre soirée fétichiste londonienne. Fondée en 1990, par Alan Pelling (Allen TG) et David Wood (David TG), le concept à la base est de réunir dans une même soirée des fétichistes, SM, artistes en tout genre (bod mod, créateurs de vêtements en latex, Cabaret burlesque, Dj’s, performers…), le tout dans un esprit festif.

A l’époque, cet événement regroupait quelques centaines de personnes, aujourd’hui la TG s’est vue rassembler jusqu’à 2 500 personnes. Mis à part le respect de tous les genres confondus et l’idée de développer plusieurs ambiances selon les goûts de chacun (différents espaces : dancefloors, donjon, cabaret…), la Torture Garden met l’accent sur un point essentiel : la créativité de ses aficionados. Ainsi l’équipe TG met la clientèle à contribution en la poussant à faire preuve d’imagination, ce qui a sûrement contribué au succès toujours grandissant de cette soirée. Le client devient ainsi partie intégrante de cet événement en laissant libre court à son imagination.

Depuis 2009, la Torture Garden s’est enfin exportée en France, par une première le 20 juin 2009, soirée à laquelle j’avais participée au Glaz’art à Paris. Le 3 octobre dernier, à l’occasion du Souterrain Porte V au T.O.T.E.M. à Nancy, une nouvelle Torture Garden s’est imposée en soirée de clôture.

Je ne connaissais pas du tout le T.O.T.E.M., un lieu idéal pour ce genre de soirées, mais une soirée ratée. Le T.O.T.E.M. est composé de plusieurs espaces dont un grand hangar, le restaurant et deux autres pièces de taille moyenne étaient ouverts pour l’occasion. Nous nous sommes retrouvés à plusieurs autour de la table au restaurant, en majorité féminine, échangeant sur divers sujets, scrutant les tenues des clients afin de vérifier qui avait fait le plus preuve d’imagination.

Premier mauvais point  : le froid. Heureusement, prévenue, j’avais prévu de quoi me couvrir. A la base j’avais décidé de m’habiller à nouveau de bondage tape (bande en vinyle électrostatique) uniquement, mais j’ai vite changé d’avis, arrivée à Nancy. J’ai donc pris ma mini-robe Catanzaro à manches longues, gants en cuir, bottes italiennes, collants en dentelle et rajouté une paire de bas résille par-dessus (oui, dit comme ça, ça semble saugrenu comme idée, mais à la TG tout est permis).

Deuxième mauvais point  : le lieu. J’aime bien ce lieu mais encore faut-il qu’il soit bien aménagé pour l’occasion. Le donjon (comprenez « salle où l’on est censé pratiquer le BDSM ») agrémenté de matelas XXL, deux lits d’hôpitaux, d’une cage et d’une chaise (avec des attaches-poignets et des attaches-chevilles) me faisait plus penser à un lieu de libertinage orgiastique qu’à un donjon digne de ce nom. Par ailleurs, le donjon étant situé dans la salle des expositions où les œuvres étaient toujours au mur, des clients venaient s’y balader pour contempler les photos et non pour jouer. Le grand hangar, idéal pour les performances, mais bien trop grand pour le nombre et bien trop froid pour réchauffer les corps même sur les différents sets des excellents DJs. Petit nota bene : il manquait un lieu pour se changer et un vestiaire pour déposer les affaires.

Troisième mauvais point : la clientèle. Nous y avons croisé quelques rares parisiens ou du moins habitués des soirées parisiennes quitte à me faire accuser (à tort sur le fond) une nouvelle fois de name-dropping : Philippe Boxis (shibari), Psy (chanteuse et fetish model), Mister H (créateur de vêtements), Kouet (TV sur internet) – avec qui on a fait pipi fluo, non je vous dirai pas comment – et nous étions nous-mêmes (elle et lui) accompagnés de Mona Sammoun et Catherine Corringer.

On pourra m’accuser là de faire du parisianisme mais je sais très bien qu’il n’en est rien, mais je pense que beaucoup de Nancéiens se sont trompés de soirée. La Torture Garden n’est pas un « carnaval », ni un lieu de débauche, ni une soirée où tout le monde est prêt à se prendre un coup de cravache aux fesses pour rigoler, ni une soirée échangiste (bien que le donjon pouvait porter à confusion au vu du matériel installé – oui désolée, je suis toujours choquée par ces matelas XXL, je suis SM et non échangiste), ni une soirée de beuverie, ni une soirée où les filles sont faciles parce qu’elles sont à moitié nues ou ultra sexy…

En gros le mélange des genres (hétéros normés en grande majorité) n’a pas pris. L’ambiance était morne et pas assez fétichiste à mon goût, ni assez ouverte d’esprit. Je ne parle pas du sempiternel trio vinyle – latex – cuir. Non, je parle de créativité, de créatures asexuées ou hypersexuées, inconnues, de mélange des genres, des genres nouveaux, non pas un « Troisième Sexe » mais un « Quatrième Sexe » tout droit sorti de l’imaginaire des âmes créatives.

Le problème ne vient absolument pas du fait que ça se passait en province. La mayonnaise n’a tout simplement pas pris du fait de l’accumulation de ces différents mauvais points. Mais on a eu le droit à des bonus tout de même : une superbe performance d’AMF Korset (musique, rituels, pyrotechnie et suspensions au crochet), le défilé TG Clothings (jolis mannequins accoutrés de latex aux formes et couleurs originales) et des DJ sets excellents.

Les Français ne sont pas encore très doués pour réussir une Torture Garden, sans doute sont-ils trop frileux à l’idée de dévoiler leurs talents créatifs, mais ça va venir, il ne faut pas désespérer.

Cet article est repris du site http://ladiesroom.fr/2009/10/12/rep...

Retrouvez d'autres articles sur le site : http://ladiesroom.fr/back-room/