La statue de cuivre - 1
Le 07/10/2009
Quelques jours après cet incident, même si j’ai dû avoir une explication avec Alexandre, tout était rentré dans la normale. Que je croyais : même si je me comportais toujours de la même manière, je ne pouvais oublier cette sorte d’angoisse dans mon ventre. Non, ce n’était pas de l’angoisse : mon ventre qui se serre sous les intonations de cette femme au téléphone, ce substitut phallique que représentait la banane… que j’ai jetée, par honte.
Un jour, en pleine après-midi, je reçois un nouveau coup de téléphone :
- Madame de Cibrune ?
La même voix. Je me sentis me liquéfier à l’évocation de mon nom. Quel est donc le pouvoir de cette voix pour provoquer cette réaction que je n’avais jamais ressentie, même lorsque je regarde secrètement Alexandre prendre sa douche ?
- Pourquoi me rappelez-vous ?, demandai-je, terrorisée par un retour inopiné d’Alexandre, alors qu’il était en rendez-vous d’affaires jusque tard le soir.
- Juste pour m’assurer que vous trouverez mon petit cadeau sur le palier.
Un cadeau ? Et si c’était un colis piégé ? Un attentat qui visait Alexandre ?
- N’ayez crainte. Allez juste voir.
Je me rendis alors à la porte d’entrée. Je regardai par le judas : un homme, un mulâtre se trouvait sur le palier.
- Qu’attendez-vous, madame ? Allez-y, ouvrez-lui : c’est lui, votre cadeau. Je vous préviens : c’est impossible de lui faire comprendre qu’il faut qu’il rentre chez lui, il ne comprend pas le français.
J’ouvris et le fis entrer. Il était vêtu d’un débardeur moulant, qui sculptait son buste telle une main sur le plâtre, et d’un pantalon blanc qui dévoilait les renflements de sa basse anatomie. Sa peau avait la couleur du cuivre. Mais ce qui m’électrisa, ce fut ses yeux couleur de jade qui me transpercèrent jusqu’aux tréfonds.
- Il ne vous voudra aucun mal, bien au contraire. Il est extrêmement doux, patient, sensuel. C’est pour cette raison que je l’ai choisi pour être votre professeur dans l’art d’aimer.
- Mais madame, m’offusquai-je. Je n’ai guère besoin de ce genre d’agrément dans ma vie…
- Cela ne semble pas l’avis de votre cher époux. En réunion d’affaires, hein… Il est bien assidu à son travail pour rentrer parfois si tard…
Je restais interdite à l’autre bout du combiné. Cette garce insinuerait-elle que mon Alexandre trouverait meilleur agrément dans le bras d’autres femmes ?
- Mais qu’est-ce qui vous permet de proférer ce genre de choses, madame ?, dis-je au bout d’un moment
- Tout simplement parce que je suis bien placée pour savoir les goûts de votre mari en matière de bonne compagnie…
Ainsi donc, Alexandre me tromperait. Je sens la terre se dérober sous mes pieds…
- Maintenant, madame de Cibrune, lâchez le combiné, mais ne raccrochez en aucun cas. C’est le signe pour Rodrigo, afin qu’il commence sa leçon.
Je lâchais le combiné qui retomba sur le sol. Rodrigo – puisque c’était son nom – se rapprocha de moi. Il me prit par la taille, tendrement, et caressa longuement mes hanches à travers mon chemisier, tout en m’avisant de son regard aquatique. Il rapprocha enfin sa bouche de la mienne, cherchant à s’approprier le souffle qui en exhalait. Il me taquina gentiment, tantôt cherchant à joindre nos lèvres, tantôt se dérobant…
Je portai alors l’estocade en m’emparant de ses lèvres. Elles étaient douces comme la soie, et j’eus l’impression d’une décharge électrique dans toute ma bouche. Je me rapprochai du même coup de son corps parfait, dont je sentis se dessiner les contours sur moi. Instinctivement, je glissai une main sous son débardeur pour apprécier ce nouveau support de désir qui se dessinait sur moi.
D’un coup, il retira la ceinture de son pantalon et le fit tomber à ses pieds. Je découvris une hampe de très belle taille, mais qui me paralysa. Prise de panique, je repris le combiné :
- Dommage, Madame de Cibrune, tout avait si bien commencé. Maintenant que vous avez le support bien en main, voici votre première leçon : savoir faire jouir un homme avec votre bouche…
À suivre…
Précédemment : La banane
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