La bisexualité, ou le choix du non-choix.
Le 02/01/2010
En cette année qui s’achève, à l’heure où le bilan se dresse de jour en jour et se fait de plus en plus net, une question s’est imposée, celle de ma sexualité. (Et non pas celle de mon orientation sexuelle.) Sachant pertinemment que cette question est souvent occultée, je me permets, du haut de ma petite expérience, de tirer mes minuscules conclusions : faites-en ce que bon vous semblera.
Avant de vous perdre, un petit mot sur la nuance que j’admets entre ces deux termes : l’orientation sexuelle, à savoir être hétéro, bi, gay ; détail insignifiant dans ce tout qu’est la sexualité. Revenons-en à nos moutons. Attablée avec mes amis dans un café hier, voilà que leur réponse à ma question fut univoque : “Mais non Rose, t’es pas bisexuelle.” Ils n’en démordaient pas. Pourquoi ? “Non, mais tu peux être attirée par des nanas, y a pas de problème, mais franchement, arrête. T’es hétéro.
Fin de la discussion.
Bluffée, je n’ai même pas tenté de les persuader du contraire. Parce que tout jouait contre moi ! Aux prises avec les hommes les trois quarts de mon temps, parfois même plusieurs à la fois (pardonnez ma désinvolture), je ne peux décemment pas me targuer d’être de celles qui aiment aussi (voire exclusivement) le beau sexe, sauf si je tiens en plus à m’affubler d’une réputation qui, même si certainement honorable, me dépasserait très certainement.
Et pourtant la question reste entière. Peut-être est-ce ma curiosité, ma volonté d’introspection, ne pas vouloir partir du postulat “Mon devoir en tant qu’individu femelle est de m’accoupler avec un individu mâle.” mais aller chercher au fond de moi, essayer, douter, m’interroger, sur tout, tout le temps ?
J’ai donc tiré de cette période de quête intérieure les conclusions suivantes : après quelques années d’éveil sexuel, qui débute par une longue période d’asexualité prégnante, quelques sérieux blocages sur des nanas qui m’obnubilaient (mais alors royal !), des discussions avec des lesbiennes, le visionnage intégral de la série The L Word (fallait bien passer par là…), avec, en prime, mon incapacité à lier toute relation sentimentale (avec des hommes), j’ai fait mon choix : j’ai décidé de ne pas choisir. Je ne serai pas hétérosexuelle, je ne serai pas homosexuelle. Je serai bisexuelle, à savoir celle qui ne choisit pas, et se contente d’aimer, sans entraves, sans barrières. Selon moi.
Tant pis, les ami(e)s. Je ne me sens pas exclusivement attirée par les hommes, c’est un fait. Je ne me sens pas non plus forcément capable de coucher, un jour, avec une femme. Mais je ne veux pas épouser l’idée que les gens fomentent autour de ma personne, surtout si celle-ci est fausse. Je ne me retrouve pas dans la Rose hétérosexuelle que tout le monde voit. Je ne me retrouve pas non plus dans une prétendue Rose lesbienne qui serait cachée au plus profond de mon être. Alors, la bisexualité me semble être l’option la plus adéquate.
N’est-on pas avant tout ce que l’on est, avant d’être ce que nous voulons être ou ce que les autres voudraient que nous soyons ?
Cet article est repris du site http://ladiesroom.fr/2009/12/27/la-...
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