Voyage d’agrément

Le 12/04/2009

C’est le soir, en automne, sur l’autoroute. Comme toujours, je conduis trop vite, incapable de résister au plaisir sensuel que j’éprouve à sentir la route infinie s’ouvrir devant moi. J’erre avec bonheur dans une rêverie légère, le Requiem de Mozart en fond sonore, à demi couvert par le bruit du vent qui entre par la fenêtre ouverte. Il fait tiède, l’air sent la pinède et la poussière. Toi, tu ne dis rien, je croyais même que tu dormais. Mais quand je tourne la tête vers toi, je croise ton regard, pas endormi pour deux sous, et je me doute que tu m’observes depuis un moment. Je détourne la tête, un peu troublée tout de même, et je sais sans le voir ton petit sourire quand tes yeux vont de ma bouche à mon cou, de mes mains sur le volant à mes jambes découvertes. J’ai remonté un peu ma jupe jusqu’au dessus des genoux, j’avais trop chaud tout à l’heure. Je rougis et cela me fait sourire.

" - Tu roules trop vite, dis-tu doucement. - Oui" Je n’ose pas te regarder, parce que je sais ce que je vais lire dans tes yeux, et je dois m’empêcher de penser à la même chose. Je conduis déjà trop vite… Et maintenant, c’est malin, je respire un peu trop vite aussi, parce que ta main est passée dans mon cou et semble errer sans but de mon oreille à ma nuque. J’incline la tête pour la sentir sur ma joue, c’est si doux et plein de promesses…Puis elle suit rêveusement la ligne de ma clavicule et s’arrête juste sur ma gorge, légère.

« Il faut ralentir » dis-tu encore. Je fais non de la tête, je ne réponds pas, en attente. Tu remontes de ma gorge à mon menton, puis ton pouce effleure ma bouche, la caresse, l’entrouvre à peine d’une pression légère. J’ai envie de te mordre, sans violence, ton contact me fait frissonner. Et tu le sais, n’est-ce pas ? Puis, mine de rien, tu te dégages de la ceinture de sécurité, et tu te tournes vers moi, tu poses ta main droite sur mon genou découvert, me faisant tressaillir de la sentir si ferme et chaude. Je te vois venir, j’en tremble d’anticipation. Je prends ton doigt entre mes lèvres, en mordille le bout, rêvant d’un seul coup de ta bouche, de ta langue. J’ai les joues en feu. Sur mon genou, ton autre main remonte, repoussant les plis de ma jupe sans aucune hâte. Je ne veux pas quitter la route des yeux, car je n’ai toujours pas ralenti. Tes doigts voyagent sur ma cuisse, comme par inadvertance. Ca chatouille un peu, et en même temps, des frissons me courent le long de la colonne vertébrale. Ta main remonte toujours tranquillement. Mozart attaque le Sanctus, les voix profondes me font trembler, déjà je respire un peu plus fort.

" - Vraiment, tu devrais ralentir… Ton amusé, lent, pas inquiet le moins du monde. - Je fais ce que je veux." Tout de même, je sens bien que ma voix me trahit, tremble un peu. Une pulsation sourde est née entre mes cuisses, comme si mon cœur avait changé de place pour pouvoir battre plus fort. Presque malgré moi, j’écarte les jambes pour que ta main puisse suivre son chemin. L’autre est descendue le long de mon épaule et s’attaque aux premiers boutons de ma chemise de soie. Je sens mon sexe qui s’épanouit de désir, je le sens qui devient humide, moite, appelant tes doigts qui approchent avec une lenteur exaspérante. J’ouvre encore plus mes cuisses sous ta caresse et d’un geste, je remonte plus haut ma jupe pour que ta main puisse continuer sa ballade. Je regarde toujours la route, malgré tout.

D’abord, tu ne bouges pas du tout, je me mords les lèvres, je suis tentée de fermer les yeux, ta main est comme une poignée de braise. Puis, dans un mouvement lent, insupportable, tu me pétris comme une terre glaise dont l’eau coule entre tes doigts. Je ne peux retenir un gémissement de plaisir, et la voiture ralentit, 140, 130…à mesure que mes battements de coeur s’accélèrent, eux. Tu dis : " - Tu vois, tu as ralenti… - Ah oui ?", dis-je tout bas. Je suis encore à peu près sûre de rouler droit, mais c’est bien tout. Ton autre main effleure la pointe de mes seins par-dessus le soutien-gorge, pince un peu, oh, rien du tout, mais une onde de plaisir me parcourt comme une rivière brisant un barrage. Je respire par à-coups, je voudrais ta bouche aussi sur la mienne, je voudrais lâcher le volant et plonger ma main dans ton pantalon, sentir ton sexe qui en tend le tissu, ou y poser ma bouche peut-être, mais je ne le peux pas, et cette impossibilité me fait brûler encore plus. Je bouge mes hanches tout doucement, au rythme de ta main, tu me regardes, je sais que tu bandes, je pense au moment précis où tu entres en moi, à cette sensation unique et éphémère, et je crois presque te sentir à cet instant.

Alors, d’un geste habile, tu écartes ma culotte mouillée, et enfin, tes doigts glissent tout le long de ma fente devenue fontaine, y entrent un instant, ressortent et y reviennent. Tu murmures " C’est bon… ", et je me cambre pour mieux t’accueillir. Je roule à peine à 100 à l’heure à présent. Des voitures nous doublent en trombe. Aucun de leurs occupants ne nous jette un regard, mais les sentir si proches, ignorants du plaisir que tu me donnes en décuple la sensation.

Tu te penches encore plus vers moi et ta main se fait plus pressante. J’emprisonne tes doigts qui s’enfoncent en moi, tandis que ta paume appuie fermement sur mon clitoris presque douloureux à force de t’attendre. Je respire fort, saccadé, mes mains me brûlent, le vent de la fenêtre ouverte ne suffit plus à me rafraîchir. Nous passons devant un panneau qui indique une aire de repos. Tu dis : " Arrête-toi. - Non. Je veux continuer à te sentir aller et venir en moi, avec la route qui défile, la musique qui enfle sur le dernier morceau du Requiem, celui que je préfère. Je veux sentir ton désir qui monte, ta respiration qui devient plus courte. Je ne veux pas que cela s’arrête. Ta main accélère son rythme, juste assez pour m’arracher un nouveau gémissement. Je serre le volant comme s’il allait m’échapper. Mille images me traversent l’esprit. Si c’était toi qui conduisais, je pourrais me pencher sur ta queue dressée et la prendre dans ma bouche, je pourrais la presser de mes lèvres et la caresser de ma langue. Je crois presque la sentir, chaude et tendue dans ma bouche, juste avant que tu jouisses, tes mains dans mes cheveux.

90, 80 kilomètres à l’heure. Je serre un peu plus à droite, mais ne m’arrête pas. La nuit tombe imperceptiblement, j’allume les phares. Je n’entends plus Mozart, seulement ta respiration et la mienne, qui s’accordent au va-et-vient de tes doigts qui me tiennent prisonnière. Et du fond de mon ventre, je sens venir le plaisir, un tremblement qui ressemble à une avalanche au ralenti, un glissement soyeux sur l’herbe mouillée. Je sens mon sexe qui se resserre autour de tes doigts, comme pour les garder plus loin encore, et de mon ventre monte la jouissance, comme un trait de feu. Il n’existe plus que ta main qui m’emporte. J’essaie d’apaiser mon souffle, de respirer profondément, en vain. Je sens couler mon plaisir comme un fleuve sur ta peau.

Au dernier moment, j’appuie sur le warning et m’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence. Je crie. Tu as gagné.

Wapiti

Commentaires (2)

  • sarah

    wa-hou. merci

  • Api

    Supeeer, la voiture et le sexe allié dans ce texte !