Oh my god !

Le 12/12/2011

L’invention des premiers vibromasseurs est une histoire assez cocasse pour devenir une comédie.
Tanya Wexler, qui signe ici son troisième long métrage, après Finding North (1998) et Ball in the House (2001), se penche sur cette période de l’Angleterre Victorienne, où l’hystérie (du grec hystera, qui signifie utérus) - était une maladie que les médecins traitaient avec le plus le plus grand soin.
Si l’obsession de cette pathologie féminine remonte à loin (Platon parlait déjà des souffrances et maladies à venir, si l’utérus venait à être privé trop longtemps de son désir "d’engendrer des enfants"), la méthode encourue à l’époque consistait à faire un "massage pelvien" (en réalité, on frottait le clitoris des dames) jusqu’à obtenir un "paroxysme", autrement dit, un orgasme. La durée des séances était d’une heure environ, n’avait officiellement rien à voir avec le sexe, mais était épuisante et ne laissait aucun temps libre aux médecins. C’est la raison pour laquelle certains ont cherché des moyens mécaniques qui leur permettraient de traiter plus de femmes, ou de gagner du temps.
La première machine fut à vapeur, appelée "Manipulator" et inventée par l’américain George Taylor.
Et vers 1880, le médecin anglais Joseph Mortimer Granville, héros du film qui nous intéresse ici, fit breveter le premier modèle électro-mécanique, qui fit fureur auprès des médecins anglais presque autant qu’auprès de leurs clientes et guérit par la même occasion la tendinite au poignet dont souffrait celui-ci.
Si cette joyeuse comédie s’achève sur l’idée qu’un bonheur ne vient jamais seul (une pétillante suffragette aura son coeur), il ne faut pas perdre de vue que si en 1902 les vibromasseurs sont devenus disponibles au grand public via publicités et catalogues de produits électro-ménagers (cinquième invention du type après la machine à coudre, la bouilloire, le grille-pain et le ventilateur), ils ont disparu vers 1920, lorsqu’il est devenu impossible de prétendre plus longtemps que l’usage n’était aucunement sexuel.
La ré-émergence ne viendra que 40 ans plus tard, avec la révolution sexuelle et son usage reste modéré en France, où seules 11% des femmes en possède.
Enfin, si l’hystérie a ensuite été au coeur du travail de Sigmund Freud, elle a été écartée des pathologies vers la moitié du XXe siècle. Mais il reste l’insulte, qui semble prouver que chez certains la préoccupation est encore là.
Il vaut mieux en rire, ce que permet volontiers cette délicieuse comédie féministe.


Oh My God : le film sur l’invention du... par Filmsactu

Commentaires (1)

  • PvhTqkqfJYOu

    dit :Moi je voudrais dnneor un commentaire sur la masturbation. C’est le mot sexualite9 ludique qui m’y fait penser.A la diffe9rence de ce qui se passait un demi-sie8cle plus tf4t, tout le monde semble plus ou moins d’accord aujourd’hui pour dire que la masturbation, ce n’est pas honteux. En apparence, tout le monde est d’accord. En apparence seulement, parce que les mots n’ont pas la meame signification suivant qui les emploie.Revenons donc un demi sie8cle en arrie8re : se masturber y est conside9re9 honteux, de9viant, mauvais pour la sante9 et la morale et on essaie de lutter contre. La mode de la circoncision aux e9tats-unis est ne9e pour cela : l’ide9e e9tant que pour se masturber les hommes faisaient coulisser la peau du pe9nis contre la hampe, la peau raccourcie cette fae7on de faire devenait impossible. En Europe, Fellini de9crit dans Amarcord les sermons de sa jeunesse Saint Louis pleure quand vous vous touchez .Dans le courant des anne9es 60 e0 70, l’ide9e que la masturbation e9tait une pratique normale et qu’il ne fallait pas l’interdire arrive sur le devant de la sce8ne (e0 la suite des rapports Kinsey, publie9es d’abord aux USA en 1948 et 1953). Mais croire que tout le monde a compris de la meame manie8re l’ide9e que la masturbation est une pratique normale qui n’a rien de honteux est naeff.Il y a eu deux fae7ons de comprendre ce message, qui toutes deux cohabitent encore aujourd’hui. La premie8re fae7on, la seule qui est compatible avec l’ide9e d’acheter un sex-toy ludique, est effectivement que la masturbation est une facette de la sexualite9 en soi et qu’on peut bien s’amuser avec soi-meame comme on veut pour se dnneor du plaisir. Dans ce syste8me de pense9e, il est tout e0 fait possible de se masturber seul alors qu’on est en couple, puisque c’est simplement un jeu.La deuxie8me manie8re de comprendre le message, c’est de dire que la masturbation est une pratique normale comme pis aller lorsqu’on n’a pas d’autre possibilite9 de satisfaire ses besoins sexuels. Je pense que cette fae7on de voir est extreamement commune.Dans ce deuxie8me syste8me de pense9e, il reste quand meame un peu honteux de se masturber : c’est reconnaeetre qu’on en est re9duit e0 se de9brouiller tout(e) seul(e) faute d’avoir trouve9 quelqu’un. La masturbation est acceptable mais comme spontane9e, pour e9vacuer une pulsion et pas comme pratique ludique en soi. A noter que dans ce syste8me de pense9e il est quand meame possible d’avoir une dimension ludique de la sexualite9 (mais avec un partenaire), qu’il est possible d’utiliser des instruments e0 deux et qu’il est e9galement possible de se masturber mutuellement. C’est se dnneor du plaisir seul(e) qui reste un pis-aller. Pas question donc de laisser comprendre e0 son partenaire que l’on voudrait bien 30 minutes de calme avec sa collection de toys.Mais, pour les e9tudes sur la perception de la sexualite9, diffe9rencier entre la premie8re et la deuxie8me attitude n’est pas simple. Les questions normalement pose9es dans les sondages ( vous masturbez vous ? ) vont eatre re9pondues de la meame fae7on dans les deux cas. Pire : je lis ici qu’il y a des femmes de tous milieux sociaux et de tous e2ges qui ache8tent des sex toys. C’est vrai, mais en conclure que l’attitude positive vis e0 vis de la sexualite9 ludique est re9pandue partout est un peu rapide, parce qu’il n’y a pas de corre9lation entre le milieu social ou l’e2ge et un attitude positive vis e0 vis de la sexualite9 ludique solitaire. Vous trouverez des personnes qui conside8rent que la masturbation n’est qu’un pis aller par manque de partenaire un peu partout.Pourquoi ? Peut-eatre parce qu’avant les anne9es 60, e0 la haute pe9riode de la prohibition de la masturbation, les pratiques variaient beaucoup aussi. Revenons e0 Fellini et le film Amarcord. Il y a dans ce film autobiographique une sce8ne remarquable dans laquelle on voit les gamins qui en sont les he9ros se masturber ensemble. Ce n’est d’ailleurs pas le seul film de l’e9poque qui e9voque le sujet, la pratique devait donc eatre relativement commune, au moins e0 une e9poque. Il y a d’ailleurs une e9tude de Marie-Christine Anest sur ces pratiques en Gre8ce (ISBN 2-7384-2146-6) qu’il est inte9ressant de lire.La pratique e9tait re9pandue, mais puisqu’elle e9tait se9ve8rement re9prime9e, elle ne touchait pas tout le monde. Et e0 partir du moment of9 l’on a, dans un environnement hostile e0 la masturbation, un groupe de personnes qui peut discuter de la pratique (sous le manteau, mais quand meame discuter), on a de fait une contre-culture souterraine e0 laquelle une partie de la population a eu acce8s et l’autre pas. Quand la re9pression disparaeet, les diffe9rences d’attitude vont rester.C’est ici un exemple d’UNE pratique cache9e des anne9es avant la libe9ralisation de la sexualite9, mais il y en a d’autres. L’ide9e que les pe8res faisaient initier leurs gare7ons par des prostitue9es est un autre exemple (c’est une autre pratique qui a e9te9 re9pandue e0 une e9poque). Ce n’est quand meame pas tout e0 fait pareil de se retrouver seul envoye9 e0 confesse par son pe8re pour expier ses mauvaises pense9es parce qu’on a e9te9 surpris en e9rection ou d’eatre dans une famille of9 l’on va certes entendre les sermons sur le Pe9che9 e0 l’Eglise mais suivre papa chez les filles le samedi soir et regarder des revues de lingerie avec les copains les autres jours Cinquante ans apre8s, il n’y a plus grand monde pour e9couter ce genre de sermon e0 l’e9glise et meame les preatres conservateurs ont assoupli leur discours. Mais si l’on recherche les attitudes de la population vis e0 vis de la sexualite9, les diffe9rences sont encore tre8s importantes et le discours re9pressif est encore tre8s pre9sent.