Le penthouse des Dieux

Le 16/12/2009

L’ascenseur qui s’ouvre qui se ferme, qui s’ouvre se ferme s’ouvre se ferme. Je m’ouvre je me ferme j’ouvre je ferme. Ferme-là. D’acod’ac. J’acquiesce. Tu montes ? Pour où, le septième ciel, le penthouse des dieux ? Tu t’ouvres tu te fermes, tu ouvres tu fermes mon charmant coquillage nacré rose chair tendre, j’entends la mer tout contre le duvet de ton oreille cheveux au vent on prend le frais sur la terrasse.

Tu joues avec ma jupe. Jupe sur jambes nues. Porter aux nues. Je transpire nue sous ma jupe. Jolly Jumper. Hue. Je galope, ta jolie jument, galope. Ton antilope. Tu es mon drôle de zèbre. Dans ma savane tu t’immisces, isolé, camé, camisolé. Désert de braise et de foutre mêlés. Tu humes mon désert ambré. Debout au-dessus de moi. Je hulule, ton doux pigeon, ta libellule.

Tu joues avec ma jupe. Je transpire nue sans ma jupe. Tu aspires mes sucs émouvants. Tu absorbes mes yeux noyés. Noyés de jute. Ta sève m’enivre, ta salive me lave douce fée. De tes dix doigts tu joues avec ma jupe, tu entrouvres ma vulve noyée d’écume. Noyée de jute. Je suis ta rayonnante, ta femelle sans fard. Quand tu souris, tu irradies. Tu dessales ma coque. Quand tu frémis, tu souffles sur ma nuque tout ton cœur en allé. Et tu t’essouffles. Je m’extasie quand tu cries. Quand tu pars loin devant et tu cours pour me rejoindre, ton arc silencieux bandé vers le ciel, tu suffoques et je crie. Je suis en vie. Mon vivant, mon bienveillant aux yeux de ciel lavé, mon intime, mon amant.

Viens me prendre, m’ouvrir, me fermer. Me réchauffer, tu vas et viens, mon silex, tu montes et tu descends. Va et viens, va et… Je viens rouler sous ta langue. Tu coules dans ma gorge, à la fois doux et fort, tu me brûles le dedans avant d’aller gorger mes lèvres de chaleur. Tu t’approches tout doucement de mes lèvres, tu prends le temps de visiter ma bouche, tu emballes encore ma langue, tu frôles encore ma gorge, incendiaire jusqu’en bas de mon ventre et là ma tête crie au feu, d’ivresse et de plaisir mêlés. Ma langue se brouille, mon esprit tangue, mes lèvres se mouillent sans qu’aucun son n’en puisse sortir, et tes yeux brillent dans la nuit rousse. Et je jouis. Et tu jouis.

Je te sens venir de loin. L’air de rien. Déjà l’odeur de crayon à la mine tendre, l’odeur de sous-bois humide, l’odeur de pluie. Je n’ouvre pas encore les yeux. Ca sent la chair fraîche, le cou du petit Poucet perdu dans la forêt, ça sent le caillou dans les flots. Ca sent la perdrix dans les maïs après la pluie d’orage, ça sent la plume mouillée. Ca sent l’encre de mes pensées désabusées. Ca sent le bleu du ciel. J’ai encore les yeux fermés. C’est bleu comme la gorge d’un pigeon. C’est bleu comme les veines de ton poignet. Et ça sent la mine de crayon, un léger parfum perdu. Les yeux ouverts. C’est beau. C’est comme un oiseau tiède, à peine mort.

Monte tout là-haut dans les cieux, mon beau, mon assaillant, mon rutilant aux muscles d’acier, mon cocon, ma carapace, et danse, danse au vent. Et j’ai le temps de te sentir encore, mon préféré, mon bon et ton odeur d’iris.

La porte s’ouvre, la porte se ferme sans bruit, j’ai joui, la porte s’ouvre, la porte se ferme sans bruit, ça ne te fait vraiment rien ? La porte s’ouvre, se ferme, ça me caresse tout le dedans, ça me bouleverse, ça m’inverse, pieds au mur dans un ascenseur, un ange passe et frôle la plante de mes pieds, ça balance, ça bat, ça me lance dans les oreilles. J’entends mon cœur. Tu n’entends vraiment rien ?

[gris]Fab[/gris]

Commentaires (4)

  • navaraanaq

    ouhaouh c’est fort, c’est beau, bien écrit... le flot de l’écriture comme la pulsation du coeur, du sexe...

  • Anonyme

    Intéressant. un style vraiment différent, un style masculin ? plus porté sur le lyrique que le descriptif, ça nous change. Vraiment bien.

  • mangelmy

    beau style ! A quand les prochains textes ?

  • vincent

    Pas mal du tout celui la