Le Manoir, conte de fées pour adultes VIII

Le 15/10/2010

Chambre d’amis

J’étais rentrée un peu sonnée de ma dernière expédition au manoir. Je m’étais couchée et j’avais dormi douze heures d’un sommeil entrecoupé de rêves dans lesquels je voyais l’homme obèse arriver vers moi, son sexe énorme dressé, hurlant des paroles obscènes. Il se passa un mois avant que l’envie ne me prenne d’y retourner, un mois que je mis à profit pour repeindre entièrement ma maison, volets compris. J’étais relativement fière du résultat, et décidai que j’avais besoin de distraction. Je me rendis chez Sonia, en short et sandales avec encore de la peinture sous les ongles et dans les cheveux. Elle était dans son salon et lisait, vêtue d’une ample tunique en taffetas noir et de son éternel foulard en soie rouge. Elle était toujours aussi belle, d’une beauté étrange, un peu irréelle.

— Élise, quel courage ! Je me demandai si elle parlait de ma dernière visite, ou de mes récents exploits comme peintre en bâtiment. Elle n’ajouta rien qui puisse me mettre sur la voie. Comment allez-vous ? Cela fait longtemps dites-moi, rien de grave j’espère ?

— Non, Sonia, tout va bien. C’est juste que j’avais besoin d’un peu de temps pour réfléchir, et aussi pour faire des travaux chez moi avant de revenir.

— Je sais que vous êtes une femme raisonnable, Élise. Vous ne faites rien à la légère.

Elle parlait toujours par énigmes, mais je la comprenais. Elle me disait que j’avais pris mon temps et que c’était bien, parce que c’était ce dont j’avais besoin, et que j’étais prête maintenant à visiter une nouvelle pièce.

— Élise, il y a une grande chambre d’amis en face du bureau du docteur, vous vous souvenez ? Je pense qu’il s’agit d’un endroit intéressant pour vous. J’ai un peu de temps à vous consacrer encore aujourd’hui, aussi vous pourrez repasser me voir lorsque vous aurez fini la visite.

J’acceptai, c’était la première fois que j’aurais l’occasion de voir Sonia après. Je lui fis un sourire et avançai lentement vers la pièce en question. J’entrai et refermai la porte sans bruit. Il y faisait entièrement noir, si noir que je n’y voyais absolument rien. Je tâtai le mur à la recherche d’un interrupteur, mais n’en trouvai aucun. Lentement, les bras tendus devant moi, je m’avançai vers ce que je jaugeai être le centre de la pièce, glissant les pieds sur le parquet en prenant garde de ne pas me cogner à un meuble. Mais il n’y avait rien sur mon parcours. Au bout d’un moment, je me retrouvai seule, dans le noir intégral, au milieu de cette pièce. Je ne pouvais rien faire de plus, alors j’attendis. Soudain, je sentis un contact léger sur mon épaule, et j’eus l’impression qu’une main me frôlait. Je sursautai, puis me forçai à reprendre le contrôle et à ne plus bouger. La main revint, sur ma nuque cette fois, puis une autre la suivit. Elles glissèrent sur mon cou, et je ne bougeai toujours pas, je voulais juste me laisser faire par ces mains invisibles. Elles déboutonnèrent adroitement ma chemisette, dégrafèrent mon soutien-gorge, puis vinrent se poser sur mes seins et les caressèrent doucement. Je sentis ensuite deux autres mains venues de derrière moi se poser sur mes hanches, glisser vers devant et défaire le bouton et la braguette de mon short, puis le faire glisser à terre, et m’enlever aussi ma culotte. Je me débarrassai de mes sandales afin de finir de me déshabiller. Les mains venant de derrière remontèrent vers mes seins et commencèrent à les pétrir, pendant que celles de devant descendaient vers mon sexe, où l’une d’entre elles se glissa doucement, caressante, insistante. Je frémis, tendis les bras en avant et mes mains rencontrèrent un torse d’homme lisse et ferme, que je caressai à mon tour. Il se laissa faire mais au bout d’un court instant, mes mains furent attrapées par d’autres et je réalisai qu’il n’y avait pas deux mais quatre hommes autour de moi, un devant, un derrière et deux sur les côtés.

Mes mains furent guidées, chacune de leur côté, vers deux visages dont j’explorai les traits, à l’aveugle, parcourant le front, l’arête du nez, les lèvres, pendant que les deux autres continuaient à me toucher. Lorsque j’atteins les lèvres, les deux bouches sur mes côtés s’animèrent et deux langues chaudes et douces parcoururent mes doigts, je les laissai faire, sentant le plaisir monter, puis je les introduisis doucement dans leur bouche et les sentis sucer mes doigts avec délice. L’homme invisible situé devant moi sembla alors s’agenouiller, puis, alors que l’autre me tenait sous les aisselles, il fit glisser mes deux cuisses sur ses épaules de chaque côté de sa tête, mon sexe devant son visage, et me souleva. Je basculai le haut de mon corps en arrière, toujours fermement tenue par l’homme derrière moi, et sentis la langue de mon porteur de devant me parcourir, d’avant en arrière, s’introduisant puis s’arrêtant, me mettant au supplice, mordillant et aspirant, humide, chaude comme moi. Il faisait chaud, j’étais nue dans une pièce entièrement noire avec quatre hommes, à leur merci, ils s’occupaient de moi, patiemment, selon mon bon plaisir, et c’était divin. Lorsque je fus au bord du gouffre, les porteurs me reposèrent, debout, puis toutes leurs mains me parcoururent, me caressèrent et pénétrèrent profondément dans mon corps. Puis d’un mouvement synchrone, ils me firent tourner sur moi-même, plusieurs fois. J’en perdais l’équilibre, mais ils me rattrapaient, et continuaient à me faire tourner. Au bout d’un moment, je ne sus plus où j’étais, ni lequel des ces hommes était auparavant devant ou derrière moi, j’avais perdu tout sens de l’orientation. Alors je décidai d’en choisir un, au hasard, dans le noir. Mes mains tâtèrent, explorèrent, et s’arrêtèrent. Ce serait lui.
Je le poussai doucement à l’écart, sans voir où nous allions. Il me prit les bras et me fit comprendre que nous allions nous allonger par terre, alors je le suivis. A ce moment j’entendis un bruit de porte, des murmures et je sus que des femmes étaient rentrées dans la pièce, sans doute pour s’occuper des trois hommes que j’avais délaissés. Nous étions maintenant huit et la chaleur devenait étouffante, il se dégageait de nos corps des odeurs capiteuses de sueur et de sexe. Je forçai mon homme invisible à s’allonger sur le dos, et me mis à cheval sur lui, mes mains sur sa poitrine, et m’empalai doucement, jusqu’à ce qu’il fut tout entier en moi. J’entendais tout près de moi des gémissements de femmes, des cris, des paroles obscènes chuchotées et des bruits d’à-coups mouillés qui me firent comprendre que les six autres personnes s’envoyaient aussi copieusement en l’air, ce qui m’excita davantage.

J’ondulai sur mon homme, qui m’accompagnait en me tenant les hanches et en me forçant à l’enfoncer en moi le plus profondément possible. Mes mouvements s’accélérèrent, alors que j’entendais le volume des cris monter autour de moi, et les bruits d’à-coups se faire plus rapides. Une femme cria « Non, non, attends » puis « Oh oui, oui ! », une autre vint se placer tout près de moi, je compris qu’elle était à quatre pattes en train de se faire prendre en levrette, et son visage venait presque toucher le mien à chaque coup de reins de son partenaire. Je demandai sans le voir à l’homme derrière elle de se mettre en rythme avec moi, ponctuant chaque aller-retour de mon bassin d’un cri afin qu’il puisse me suivre, de telle sorte qu’à chaque fois que je m’empalais, elle aussi se faisait prendre. Elle gémit de plus belle et je compris que nous étions en phase, et accélérai le rythme. J’entendais le bruit mouillé du sexe de son partenaire lorsqu’il s’enfonçait en elle, et j’allai encore plus vite, encore plus fort, jusqu’à ce que je comprenne qu’elle allait jouir, moi aussi me trouvant alors au plus près de l’extase. Alors, je m’arrêtai, me soulevai et intimai l’ordre à son compagnon de se retirer d’elle. La fille était au supplice, et moi aussi. Elle me hurlait de continuer, me suppliait, m’injuriait, pleurant presque. Je fis appel à toute ma volonté et restai quelques secondes ainsi, brûlante, à laisser monter encore l’éruption qui allait nous dévaster toutes deux. Puis, communiquant toujours avec l’homme qui s’occupait d’elle, je redescendis doucement, puis m’empalai brutalement et entrepris une cavalcade frénétique. Elle cria au moment où le même spasme m’envahit, je plaquai violemment mon bassin contre celui de l’homme allongé sous moi, l’onde de choc me parcourut des pieds à la tête et je me retrouvai un instant sans conscience.

Je finis par reprendre mes esprits et me levai. Toujours dans le noir, une porte s’ouvrit et j’eus l’impression que tous les occupants invisibles de cette pièce en sortaient, et je me retrouvai seule. Je ne trouvai toujours aucun moyen d’allumer la lumière, aussi me fallut-il une bonne dizaine de minutes pour retrouver tous mes vêtements, puis pour me rhabiller et me diriger à tâtons vers la sortie.

Je clignai des yeux en retrouvant la lumière, puis retournai vers le salon. Sonia n’était pas là, mais comme elle m’avait promis de me revoir après la visite, je m’assis et j’attendis. Elle arriva au bout de quelques minutes, toujours élégante et légèrement voûtée, et je vis une lueur étrange dans son regard. Bien entendu, elle savait parfaitement ce qui s’était passé. D’une façon ou d’une autre, je me rendais compte que Sonia avait l’air de toujours tout savoir sur moi, et, chose étonnante pour moi qui suis assez secrète, cela ne me déplaisait pas.

— Élise, dit-elle, à moins que je ne me trompe, la pièce suivante sera la dernière.

[gris]Fairy Tale[/gris]

© Sandman - Fotolia

Commentaires (3)

  • Gaëlle

    Ah ! On retrouve l’ambiance sulfureuse mais douce du manoir que j’apprécie. Excellent épisode. J’attends donc le dernier avec impatience.

  • Fairy Tale

    Il y a dix épisodes en réalité mais Sonia ne le sait pas encore :)

  • fleur de désir

    excellent épisode ou l’esprit des premiers est retrouvé pour un plus grand plaisir. la finesse de la description et de l’enchaînement des actions sont à nouveau là, quel délisse.