La table juponnée

Le 12/04/2013

L’instant qui suit le rapport sexuel est propice au relâchement et aux confidences. Elsa, cette nuit là, m’avait raconté une histoire qu’elle n’avait pas vécue elle-même mais qui l’avait profondément troublée. Il s’agissait d’un jeu sexuel dont se vantaient des GM de son club de vacances, dont elle n’avait jamais su s’ils étaient vrais ou s’il s’agissait d’une fanfaronnade. Elle revenait régulièrement à la surface de son inconscient et, la maturité venant, elle aurait voulu savoir si la réalité serait à la hauteur des sensations ressenties dans ce rêve maudit. Je notais cela dans un coin de ma mémoire.

Quelques mois plus tard, attablés dans le restaurant d’un petit port de la Baltique, nous avons lié connaissance avec un groupe de compatriotes. Il y avait parmi eux trois hommes avec lesquels je m’étais senti rapidement en connivence. Je les invitais à prendre un verre à notre hôtel le soir même pour leur faire connaitre ce très bel établissement, avec le projet flou de rejoindre ensuite le groupe pour le dîner.

Dans le bar très cosy de l’hôtel, nous nous reniflions comme le font les mâles français entre eux et, chose rare, nous étions sur la même longueur d’ondes. Nous appréciions tous trois la vie, les belles choses, les chevaux et les sensations fortes. Venant au sujet, leur propos montrait qu’ils avaient pour les femmes du désir autant que du respect, privilégiant les relations intenses et les histoires authentiques plutôt que le plaisir sans joie. Evitant les sous entendus lourdingues, nous évoquions l’éternel féminin sans avoir l’indécence de demander aux uns et aux autres si leurs expériences dataient d’avant ou d’après leur engagement actuel.

Elisa se faisait attendre et il me venait l’idée d’aller la rejoindre lorsqu’une fulgurance me traversa. Sans faire référence à mon amie, je racontai à mes compagnons d’un soir le fantasme des GM. Cela provoqua chez eux la réaction attendue : ils prendraient volontiers part à la chose si l’occasion venait. Ils furent un peu gênés lorsqu’ils entendirent la suite mais comme j’encadrais la proposition de règles précises, leur gêne disparut et ils adhérèrent à mon scénario de façon quasi naturelle. Je ne m’étais pas trompé sur leur compte.

Lorsque j’expliquai à Elisa mes intentions elle me regarda et dit :

— « Tu es sûr ? »

— « Pour toi », répondis-je en sachant que son œil trahissait déjà une intense excitation.
Un coup de fil plus tard, les trois amis frappaient à la porte de la chambre. Elisa était au centre de la pièce, un loup sur les yeux. Elle savait qu’ils faisaient partie de ce groupe rencontré plus tôt mais son souvenir n’était pas plus précis. La réussite de ce moment dépendait de l’anonymat des partenaires.
Prenant la parole, je rappelai les règles et les invitai à ne parler qu’à mon signal. Une électricité quasi palpable s’installa. Sur un signe de ma part et sans un mot, l’un d’entre eux s’approcha d’Elisa et choisit de lui ôter ses chaussures, caressant au passage le galbe de son pied. Lentement, le suivant passa derrière elle et déboutonna le col de son chemisier puis, posant les mains sur ses hanches, il remonta doucement le vêtement, faisant apparaitre un soutien-gorge parme qui retenait à peine la nature généreuse de mon amie.
Le troisième, à son tour, déboutonna lentement le pantalon crème et, s’emparant lui aussi de ces hanches qui exercent sur moi un effet magnétique, il le fit tomber au sol.
Elisa était tétanisée, se sachant offerte aux regards qu’elle devinait, aux désirs que sa chair avait sentis lorsque leurs mains s’étaient fugacement posées sur elle. Un instant passa puis le n°1 (appelons le ainsi), se plaça derrière elle pour libérer cette poitrine que dardaient quatre paires d’yeux. Les seins magnifiques d’Elisa apparurent en pleine lumière, légèrement bronzés de son dernier séjour en Méditerranée. Les mamelons étaient boursouflés d’excitation, les tétons incarnats pointaient comme des lances. Sa respiration s’accéléra et je vis sa peau se satiner sous l’effet d’une légère transpiration. Je proposai en silence à n°2 et n°3 de porter l’estocade. Accroupis devant et derrière cette idole de marbre qu’était devenue Elisa, ils saisirent sa culotte et la firent délicatement glisser. En dépit de mes consignes, ils ne purent s’empêcher de frôler ses rotondités arrière et son aine devenue hyper sensible. Elis a frissonna. Sa toison fauve apparut en désordre, ses grandes lèvres luisaient doucement.
Je contemplais un moment ce tableau et, prenant la main de mon amie, je l’emmenai jusqu’à la table juponnée qui se trouvait dans le salon de cette suite. Saisissant ses épaules tièdes, je caressai sa nuque d’un geste tendre et la fis s’accroupir. Elisa disparut sous la table.
Me retournant, je vis les trois hommes qui regardaient cette table banale avec fascination. Je leur demandais de se déshabiller et, ce faisant, leur rappelais les règles. Il s’agissait d’une partie de cartes qui se jouerait à genoux autour de la table, bientôt déjuponnée. Elisa avait l’initiative de ce qui se passerait dessous et si l’un d’eux venait à en jouir, il serait éliminé. Le gagnant de la partie et de cet exercice de self control gagnerait le droit de prendre Elisa, selon son bon vouloir à elle.

Pour raconter la suite, il me faut laisser la parole à Elisa.
"Lorsque j’ai enlevé mon loup, vous étiez à genoux autour de la table. Je n’ai vu que ton pantalon et ces trois hommes-sexes dont deux bandaient de façon éhontée. Excitée d’avoir été ainsi exhibée, j’étais heureuse de reprendre l’initiative. J’entendais votre conversation qui avait repris avec le jeu et j’ai alors voulu tâter le terrain. Saisissant délicatement chacun de ces sexes offerts pour le décalotter d’une main, avec lenteur, je cherchais celui dont la résistance céderait rapidement. Tous trois étaient à point et le retardataire avait rattrapé le peloton. Je ne savais plus trop si j’étais encore dans un de ces rêves où bien si je réalisais enfin ce moment. Mais la douceur de soie des sexes tendus, le liquide séminal qui me collait les doigts, ces reins qui se cambraient quand ma main frôlait leurs hampes étaient trop réels.
Après avoir joué avec ces trois sexes que je caressais l’un après l’autre, un peu mais pas trop pour ne pas gâcher le jeu, mon sexe était en feu, je ne savais plus où poser mon regard, quelle bourse saisir, quel bite titiller. Je les voulais les trois ensemble, comme dans mon rêve !
Finalement, la géométrie l’a emporté et j’ai pris en mains le sexe qui était à ma droite et celui qui était ma gauche, tandis que j’attaquais le troisième, en face, à petits coups de langue. C’était un tourbillon, je tenais ces deux petites choses si vivantes tandis que je savourais la saveur un peu salée du troisième. Je fermais les yeux et l’image de ces divinités Hindoues aux multiples membres s’imposa à moi. J’étais l’Omniprésente.
Bientôt celui que tu appelles n° 3, à main droite, laissa échapper un petit gémissement, ce qui constituait une pénalité. Je redoublais d’efforts et, comme je m’y attendais (et le désirais secrètement), n° 2, au centre, abandonna ses cartes, s’assit sur ses talons et me saisit par les cheveux. J’avais gagné et je pouvais me concentrer sur cette bite superbe, abandonnant les autres à leur frustration. Je l’aspirais pour en extraire la sève, je l’abandonnais pour mieux y revenir par de petits coups de langue bien placés, je la mordillais pour rire. Et puis, n°2 m’a fait comprendre par ses mains décidées mais tendres qu’il se rendait, j’ai alors sucé cette douceur en rythme avec le va et vient de main, que j’avais portée à ma fente, jusqu’au moment où j’ai recueilli la semence qui accompagnait le long gémissement de notre perdant. »

— Il avait depuis longtemps oublié le jeu, répondis-je en omettant de dire qu’au dessus de la table, nous avions continué, pour la forme, à échanger des propos complètement décousus tout en essayant de lire dans les mimiques de n°2 ce qui se passait sous cette table magique.

La partie était terminée et il fallait maintenant procéder à la remise des récompenses. Nos trois numéros occupèrent alors les différents fauteuils de la suite et j’aidais Elisa à sortir de sa cachette après qu’elle ait remis son loup. Notre N°3 avait une pénalité et ne pouvait l’emporter mais je proposais à Elisa de lui accorder un prix de consolation.

— Emmène moi jusqu’à lui, dit elle.
Lorsqu’elle fut proche, Elisa, en aveugle, l’explora de ses mains. L’ayant localisé, elle approcha son ventre du visage de n° 3, lequel prit une grande inspiration pour s’imprégner profondément de cet odeur de sous bois légèrement acidulée que je connais bien. Elisa prit alors ses seins et les massa gentiment, puis sa main descendit jusqu’à son intimité, à quelques centimètres de n°3 dont la propre main empoignait déjà son sexe. Face à cet inconnu, Elisa se masturba alors comme je l’ai tant de fois vu faire. Elle procéda à quelques rapides préliminaires mais son excitation était telle que son majeur vint rapidement vriller son clitoris en bâton. Elle gémit et se cambra, faisant roquer le majeur avec l’index qui disparut dans sa fente. Ses grandes lèvres, écartées, laissaient voir le rose tendre de leur face interne, luisant de cyprine. N° 3 tint deux minutes et explosa bientôt en se mordant les lèvres.

Elisa, sa main en une prude coquille qui cachait sa pénétration intime se dirigea alors vers le lit. Ses mouvements rapides et sa respiration disait l’emprise totale du désir, du besoin absolu, de l’envie incontrôlable. Elle s’allongea et remonta ses jambes jusqu’à ses épaules, dans cette position où elle ressemble au col d’une amphore étrusque. N°1 comprit et vint la pénétrer d’emblée.

— Enfin ! souffla-t-elle en recevant cette bite anonyme.
N°1, dans un mouvement régulier mais puissant lui tira rapidement des gémissements rauques qui montèrent crescendo. Elle s’ouvrait toujours plus à lui et au bout d’un moment il se mit à haleter, retenant un orgasme qui montait comme un orage. Elisa ne bougeait pas, ouverte entièrement à ce lingam qui lui rendait hommage. Seuls ses plaintes et le souffle de l’homme se faisaient entendre dans cette chambre où le temps était comme suspendu. Puis Elisa laissa retomber ses jambes et, les plaçant autour de sa poitrine, attira l’homme pour une ultime poussée. Il eut un long râle tandis qu’elle faisait entendre sa mélopée, avant de s’abandonner à une longue série de spasmes.

Il y eut un instant de silence, puis N°1 se laissa glisser hors d’elle. Nous n’eûmes pas un regard les uns pour les autres. Ils s’habillèrent et partirent sans un mot, comme des adeptes quittent une cérémonie, emportant avec eux leur secret. Je me retournais, et allais m’assoir près d’Elisa. Elle prit doucement ma main et l’embrassa.

[gris]Lui[/gris]