Brûlure méridionale

Le 11/05/2011

Dernier jour d’août, le mistral soufflait en rafale, l’air était si brûlant qu’on ne pouvait soupçonner que les congés arrivaient à échéance et que septembre sonnait déjà à la porte. Aucune raison valable ne pouvait reporter mon départ, mais j’avais pourtant repoussé la date d’un jour. Il fallait donc que je profite au maximum de ma dernière journée. Je squattais une bonne partie de l’après midi la plage de la piscine de la maison que nous avions louée, mes amis et moi-même. Mes copains étaient partis plus tôt dans la matinée, me laissant seule face à ma solitude. L’ennui m’avait épiée entre les pages du roman que je dévorais, puis m’avait ensorcelée comme un puissant somnifère, me plongeant dans un sommeil profond malgré les bourrasques incendiaires du vent méridional.
C’est d’ailleurs le bruit des hélicoptères de la protection civile survolant les maisons dans un ballet incessant qui m’avait extirpée de la nonchalance de ma dernière sieste sous le soleil du midi. Pour mieux émerger de la torpeur de ma méridienne, je plongeais entièrement nue dans l’eau fraîche de la piscine, effectuais quelques allées retours avant de ressortir enfin la tête de l’eau. Je me trouvais nez à nez avec une paire de pieds nus masculins, à en juger par la taille et la pilosité. Hissant mon regard embrumé par les gouttes d’eau, je suivais méthodiquement l’arête du tibia jusqu’aux genoux. Je poursuivais mon observation plus haut sur la cuisse jusqu’à la lisière colorée d’un short de bain, puis ignorais totalement la suite de la silhouette interminable pour poser directement mon regard dans celui du jeune homme dont l’intrusion venait d’égayer mon après midi.

« Bonjour…

— Bonjour, mais qui es-tu ?

— Désolé, je croyais que vous étiez partis, je m’appelle Olivier, je venais récupérer les clés.

— Ne le sois pas, je m’ennuyais, en fait je suis ravie que tu sois là. Quel âge as-tu ?

— Vingt trois ans !

— Un gamin…et bien vois-tu c’est aujourd’hui mon anniversaire, je fête mes trente huit ans.

— Oh ! Bon anniversaire ».

Il me tendait une main amicale pour m’aider à sortir de la piscine. Oubliant ma nudité par excès d’impudeur, je lui offrais la vision d’une femme effrontée qu’il accueillait sans aucune marque d’intimidation. La température de l’air était si brûlante que je ne prenais pas le soin de m’essuyer dans mon drap de bain et m’allongeais directement sur le premier transat à mon portée.

« Si tu veux une bière, sers toi, tu en as dans le frigo, il y a des amuses- gueule aussi, qu’en penses tu ?

— Oui avec plaisir, je vous en amène une ?

— Oh oui je crève de soif ! »

Il n’était pas bien bavard, peut être un peu gêné par ma présence qu’il n’avait pas prévue. Il revenait deux bouteilles de bières et un paquet de gâteaux salés à la main et prenait place à mes côtés.

« Que fais-tu ce soir Olivier, as-tu prévu quelque chose, c’est triste d’aller manger au restaurant toute seule le jour de son anniversaire.

— Je n’ai rien prévu, si vous le désirez je peux vous tenir compagnie.

— Tu peux faire mieux que cela

— Pardon ?

— Non laisse tomber, j’ai dit une connerie. »

Ce n’était pas le moment de lui parler de ma fringale. Les vacances vous offrent des privilèges dont on a beaucoup moins conscience le reste de l’année et la baise en est un des plus importants. Ce garçon me plaisait, je ne voyais aucune raison recevable qui puisse nous empêcher de passer ensemble une agréable soirée. A en juger par le regard qu’il portait sur mes seins, mon ventre et sur mon sexe, j’étais loin de lui être indifférente.

« Vous bronzez toujours nue, je vois, aucune trace, je trouve cela joli…

— Ah c’est cela que tu regardais…

— Difficile de faire autrement, et puis vous avez un cul sublime et je suis très sensible à cette partie charnue…

— Comme beaucoup d’hommes je présume…

— Je ne sais pas pour les autres, mais en ce qui me concerne, je résiste rarement à un beau petit cul »

Il m’avait balancé sa remarque avec un aplomb déconcertant et son audacieuse assurance avait anticipé mes intentions.

« Voulez-vous que je vous passe de l’huile ? Retournez vous !

— Tu fais les questions et les réponses. Bien essayé, mais non, merci, plus la peine à cette heure de la journée. Mais tu peux me tutoyer…je m’appelle

— Je sais comment tu t’appelles, j’étais avec ma mère le jour de la remise des clés. Charlotte !

— Effectivement. Bien les présentations sont faites ».
Je me levais le plus naturellement possible, emportant ma bouteille de bière à la main et me dirigeais toujours aussi dévêtue vers l’intérieur de la maison pour allumer la platine. Le son musical fut soudain dominé par le bruit significatif d’un plongeon. Sur la margelle reposait son short de bain. Il avait rejoint ma nudité. Je venais soudain de comprendre que sa présence n’était pas aussi anodine et naïve que je l’avais pressenti.
Lorsqu’il ressortait de l’eau, je découvrais un grand gaillard de plus d’un mètre quatre vingt dix, pas tout à fait encore un homme, mais déjà bien bâti, démuni de toute pilosité sur le torse et le ventre, et ma fois, fort bien doté par dame nature au niveau de sa virilité. Mais ce n’était pourtant pas là que j’arrêtais mon regard, comme lui je ne résistais jamais à un beau cul masculin.
Le tout était harmonieux et fort appétissant, ce que je ne manquais pas de lui exprimer indirectement.
« J’ai comme une fringale »
Ne saisissant pas ma tournure, il me tendait le paquet de biscuit pour calmer mon appétit. Il avait le charme de l’innocence juste épicé d’une certaine impudence qui me laissa penser que notre attirance comblerait notre écart d’âge, au moins pour une soirée. Le soleil déclinant, mais toujours aussi brûlant nous conduisit naturellement à retourner sur les transats afin de profiter des derniers rayons du couchant. Avec une douceur extrême, il déliait mes cheveux par le mistral séchés, y glissait une main pour les éparpiller, puis me contemplait comme une madone.

« Avoue, tu es venu pour me baiser.

— Baiser…pour moi un baiser c’est cela ».

M’enserrant la nuque d’une poigne énergique, mais magique, il accompagnait ma tête, m’imprimant l’ordre de répondre à ses lèvres avides de ma bouche, jusqu’à ce qu’un baiser mélange nos deux langues. Il emprisonnait ma bouche profondément m’ôtant tout le loisir de pouvoir refuser cet instant orgasmique de nos salives mêlées. Le baiser laisse augurer des émotions futures si fugaces soient-elles, il en offre la luxure. Je le savourais non comme un préliminaire mais de façon jouissive, agrémentant notre échange buccal de gémissements orgastiques. Abusant de la situation, je posais sur son sexe ma main quémandeuse de l’ardeur de la jeunesse. Sa raideur m’enchantait, mon sexe s’inondait.
Alors que nos corps ne s’effleuraient qu’à peine, que seules nos mains et nos bouches diffusaient le désir à nos corps respectifs, ses doigts dans ma toison humide, les miens étreignant son érection, nos regards se perdaient dans le vide derrière nos paupières mi-closes. Je savourais l’instant comme une gourmandise, la saveur érotique d’une dégustation. Mais soudain, comme un transfuge désertant son poste de gardien du plaisir, Olivier désertait mes lèvres pour égarer les siennes vers d’autres horizons. Résignée, abandonnée à la chaleur suave de sa bouche sur mon ventre, j’en appréciais la fièvre en totale impudeur. Mes cuisses sous l’impudeur de son avidité à vouloir me gouter s’entrouvraient doucement sur ma fente amoureuse de ses agissements. Avant que ses doigts aient pris le soin de stimuler mon bouton, je ressentais sa langue l’enrober, en aspirer le jus dans un chuintement que l’écho de mon plaisir rejoignait en soupir. Ma sensuelle plainte s’amplifiait au fur et à mesure de sa fouille érotique. Sa langue chaude et tendue, se frayant un chemin entre mes crins soyeux, son haleine maléfique sur mes lèvres enfiévrées m’emportaient rapidement vers un plaisir criant.

La musique tonitruante s’échappant de la maison d’à côté n’arrivait même plus à couvrir les cris qu’il m’arrachait sous les volutes indécentes qu’à mon sexe il imposait magistralement. Au bord de la rupture, par trop violente ma jouissance m’imposait d’à ses caresses m’arracher. Je le repoussais, tentais de resserrer mes cuisses, mais c’était sans compter sur son insatiabilité d’amateur de minous. Malgré sa jeunesse il avait tout d’un esthète érotique et loin d’accéder à ma prière de rémission, il caressait mes cuisses et replongeait sa bouche au cœur de mon plaisir, revitalisant ma jouissance d’une nouvelle vague de volupté. J’étais soudain submergée par une sismique fièvre, une lame ondulatoire sur mes reins anoblis par son excitation, des frissons accrochés le long de mon échine. L’orgasme m’emportait. L’incroyable sensation d’être soudain dominée par un homme en désir de plus d’exubérance décuplait mon plaisir jusqu’à l’intolérable dont je traduisais la force par la spontanéité d’un « envie de te baiser ».
Je me relevais sur les avant bras, le regardais un instant, m’enivrais de la vision sa bouche en train de me dévorer, mais le plaisir aidant, ma lubricité de féline reprenait d’elle-même ses droits, j’empoignais les boucles de sa tignasse et l’arrachais à moi. Surpris de mon attaque en érotiques intentions, mais pour autant heureux de mon indiscipline, il lâchait enfin prise, les lèvres humidifiées de ma chaude cyprine .Je lui en volais la légitimité, introduisant ma langue entres ses lèvres ouvertes, lui dérobais ce nectar précieux pour mieux faire coulisser ma bouche sur son dard. Crucifié par la voracité avec laquelle je l’engloutissais, il en fermait les yeux, me laissant tout loisir de l’observer décliner dans un plaisir dont l’indécence me tenait en haleine.
Qui de ses gémissements ou de ses coups de reins pour mieux se ressentir au fond de mon gosier m’encouragèrent le plus à faire durer son martyre, je ne saurais le dire. Dans le raffinement, je pourléchais son gland, en savourais la fente de laquelle s’échappaient les prémices du plaisir en une perle âpre, plongeais et replongeais son pénis jusqu’à l’étouffement au fond de ma gorge, l’emprisonnais entre ma langue et mon palais en longues aspirations.

« Arrête, je vais jouir, me hurlait-il dessus tout en me repoussant.

— Maintenant nous sommes quittes, s’arracher au plaisir tant qu’il est en est encore temps »

Reprenant ses esprits, mais pas son érection, il s’adressait à moi m’accablant des dommages qu’à son sexe je venais de causer avant d’éclater de rire.

« Tu as vu dans quel état tu l’a mis ! Trouve vite une solution pour remédier à cela. »

Tant de spontanéité me désarmait et me charmait à la fois. Comme un fétu de paille, il me soulevait et m’emportait à l’intérieur puis me déposait sur le large canapé.

« Je t’avais prévenue, je ne résiste jamais à un joli petit cul, j’ai perdu une bataille, mais pas la guerre »

Puisqu’il voulait jouer au guerrier, je voulais bien me constituer prisonnière de guerre ou me poser en otage s’il était mon geôlier.

« Nous voilà dans de beau draps, avait-il poursuivi, je crois que je vais être obligé de te baiser, as-tu une autre solution ?

— Je ne vois aucune autre alternative. Tu ne débandes donc jamais ?

— Débander ? Comment le pourrai-je devant ce cul ? De plus ton minou m’a enivré de toi »

A peine avait-il fini sa phrase, qu’il passait sa main sous mon ventre, me positionnait, les mains en croix sur le dossier du canapé, ma croupe à hauteur de son sexe, les fesses bien hautes et cambrées. Un court silence qui me parut interminable s’installait, écourté par l’ordre qu’il me donnait de ne pas me retourner, juste de lui obéir et de jouir.

« Ne bouge pas » me murmurait-il en ôtant ses mains de mes hanches Je n’avais aucune intention de m’évader, je n’aurais raté pour rien au monde ce moment crucial de l’invasion. Il m’abandonnait brièvement, le laps de temps nécessaire pour récupérer un préservatif sorti de je ne sais où et de s’encapuchonner de latex. Il avait tout prévu dans les moindres détails, à moins qu’il ne soit coutumier de ce genre de séduction. Une de mes mains, désobéissante, avait quitté le cuir du canapé et s’était égarée de mes seins jusqu’au creux de mon ventre, pour retrouver sa route aux abords de mon sexe. Mes solitaires caresses m’avaient désorientée,l ’instant de l’abandon, alimentant ma croupe de troublantes oscillations qu’il avait modérées d’une claque énergique de la main sur l’une de mes fesses. J’avais sursauté et gémi sous la fessée improvisée, ne laissant aucun doute sur ma prédilection pour ce genre de correction au pouvoir érotique. Mais pas de récidive ! De sa main coupable de punition, il enlevait la mienne d’entre mes cuisses ouvertes, électrisait mon dos de suaves baisers, m’enflammait de désirs jusqu’à la nuque qu’il mordait tendrement pour mieux me malmener. Je n’étais plus qu’une féline, dans le même état d’excitation qu’une chatte en période d’accouplement. En mâle prédateur, il dominait mes ardeurs, me bloquait le bassin d’une pogne énergique, jaugeait de ses doigts la teneur en cyprine de mon sexe enfiévré. Il avait du talent, du vice et du doigté à me faire ainsi patienter avant que de me prendre, la fougue de la jeunesse n’avait ici aucune réalité. Je succombais à la pertinence de sa domination, à l’apogée de mon désir de lui je le réclamais avec autorité :

« Baise moi, prends moi maintenant, je veux te sentir en moi »

Mes mots résonnaient comme un sésame, ses doigts laissaient la place à une autre intrusion. Lorsqu’en moi il plongeait doucement, sans précipitation, je rêvais qu’à l’instant il se retirât, pour à nouveau sonder l’entrée de ma féminité et renouveler sans cesse cette immixtion. Sa vivacité d’esprit et son extrême générosité comprirent vite la perversité de la situation. Il y trouvait du plaisir, autant que moi, l’excitation complice de la mutuelle découverte ayant quelque chose de magique et de maléfique.
« Toi, baise-moi » me murmurait-il, en appuyant un peu plus sa pénétration. Remontant sur mes cuisses, en génuflexion, sur son sexe je m’empalais, collais mon cul débridé contre son bas ventre, puis le baiser frénétiquement, enrobant et coulissant comme une diablesse sur son pieu diabolique. Une main posée sur mon ventre au rythme de mes balancements, l’autre plus exploratrice sur mon bouton gorgé, il m’accompagnait jusqu’à un orgasme si foudroyant que je manquais de perdre connaissance, par des bourdonnements envahie et des larmes rejointes. Je ne l’entendais plus qu’à peine crier, je vais jouir, avant que de le ressentir en moi s’abandonner et contre mon corps se tétaniser.
Il avait su trouver, malgré sa jeunesse, malgré la méconnaissance de mon intime mécanique féminine, les codes secrets pour m’ouvrir les portes de l’orgasme rapsodique, cette combinaison magique de la pénétration et des érogènes caresses.
Nous nous échappions difficilement de cette léthargie particulière consécutive à la jouissance, le temps que nos respirations retrouvent un rythme plus régulier et de recouvrer nos esprits. Nos sexes mélangés de désunirent à regret nous rendant chacun notre personnalité à part entière. Je m’éloignais du canapé sans un mot dire, m’engageais dans l’escalier pour rejoindre la salle de bain, mais il me retenait d’une main énergique et m’entrainait vers la piscine dans laquelle nous plongions à l’unisson. L’idée n’était pas saugrenue, une baignade était bien plus énergétique après l’étreinte torride que nous venions de partager. Lorsqu’il jaillissait de l’eau par les spots éclairés, je ne voyais que ses yeux pétillants de malice malgré les gouttes ruisselant sur ses paupières.

« J’ai une petite fringale !

— Encore, lui répondais-je, hallucinée par sa gourmandise.

— Mais non, une vraie fringale, allons manger veux-tu sur le front de mer.

— Ah désolée, je croyais que tu voulais remettre le couvert.

— Je ne suis pas un surhomme ».
Il sortait de l’eau, m’invitait à en faire autant, puis me conseillait d’enfiler un jeans et un débardeur.

« Un jeans ?

— Oui, en scooter c’est plus pratique, je t’emmène sur mon destrier moderne !

— Oh chouette, quelle idée géniale, j’ai l’impression de revivre mon passé, tu es un véritable bain de jouvence.

— Rien d’extraordinaire, juste plus pratique ! »

Un petit quart d’heure plus tard nous étions déjà attablés face à la grande bleue, pas mal agitée par le mistral qui n’avait pas cessé de souffler. Nous passâmes notre temps entre deux bouchées, à mélanger nos mains, et nos pieds sous la table, à nous manger le museau sous le regard censeur des autres clients. J’imaginais les critiques et autres jugements portés à mon encontre, pensez donc une femme de mon âge avec un si jeune garçon s’exhibant ainsi sans aucune pudeur. Mais je faisais fi des œillades indiscrètes, pire par pure provocation je menais ma conduite de manière plus impertinente, jubilant de mon audace et de mon machiavélisme. Après le repas, il m’amenait m’asseoir sur un ponton isolé, et les pieds dans l’eau, la tête dans les étoiles, nous profitions un moment de la fraîcheur du soir et des embruns nous éclaboussant en vagues successives. Au loin, les avions décollaient, sonnant comme un glas, la mort de notre pittoresque petite aventure. Demain je serai loin…

« On y va ?

— Oui ramène moi, je pars tôt demain !

— Avant j’ai quelque chose à te montrer, ok ?

— Ok ! »

Je chevauchais le scooter, m’accrochais à sa taille comme une midinette au commencement d’une idylle amoureuse. J’en frissonnais.je ne posais aucune question, me laissais emportée vers l’inconnu.
Nous traversions des bois, des grands axes routiers éloignés, juste éclairés par le rayonnement d’une pleine lune complice de notre évasion nocturne, puis nous quittions l’asphalte pour un chemin plus pierreux. Tout au bout du chemin, au milieu de nulle part nous débouchions sur une immense propriété.

« Voilà, nous y sommes.

— Mais où sommes-nous ?

— Chez moi .Enfin chez mes parents !

— Mais es-tu devenu fou ?

— Ne crains rien, donne moi la main, tu ne le regretteras pas ! »

La confiance n’est pas ma qualité première, mais je le suivais. Construit à flanc de colline derrière la maison, se nichait une adorable cabane sur pilotis autour d’un arbre, devrais-je dire, une véritable habitation en rondins agrémentée de grandes baies vitrées et entièrement enceinte d’un chemin de ronde à ciel ouvert.

« Waouh, c’est fabuleux !

— C’est chez moi ! »

Il m’entraînait dans l’escalier .Ce que je découvrais à l’étage était époustouflant. Un panoramique à perte de vue sur l’horizon courant du port de Nice jusqu’au cap d’Antibes et au-delà, un océan de milliers de petites lumières me plongeait dans un monde féerique. Je m’appuyais sur la rambarde, le nez au vent comme une enfant, il m’enserrait dans ses bras pour effacer tous mes frissons.

« Regarde, me disait-il en m’indiquant une longue vue sur trépied, regarde tu vas adorer. »

Je montais sur le marchepied pour ajuster mon regard. Mon attention se portait sur l’horizon et la sienne sur ma silhouette .Il défaisait mon pantalon, le faisait glisser sur mes chevilles, ôtait mes mules légèrement, suivies de près par mon 501. Il me devenait de plus en plus difficile de fixer le lointain, la bosse sous la toile de son short contre ma cambrure, ses mains posées sur mes seins, entre le coton de mon débardeur et ma peau. Je perdais toute concentration lorsqu’il m’ôtait les bras en croix autour de moi, mon tricot. Sa raideur n’était plus engoncée sous le tissu lorsque je la sentais tourmenter le creux de mes reins. J’en frémissais, j’en vibrais, faisais glisser ma petite culotte, et m’en débarrassais d’un coup de pied. J’attendais sa langue, mais c’est sa queue qui me surprit, se promenant sur la rondeur de mon cul haut perché, pour se perdre, humide de désir, impunément, dans le sillon de mes deux sphères et s’engouffrer sans bienveillance dans mon sexe détrempé. Il avait oublié sa douceur passée, et ahanant comme un bûcheron, bestialement il me troussait jusqu’à l’orgasme presque animal qu’il concluait par une cruelle morsure sur mon cou. L’originalité de la situation argumentée du romantisme du lieu choisi, en total paradoxe avec la brutalité exotique avec laquelle il me baisât, me conduisit une nouvelle fois vers un orgasme sans précédent que quelques larmes trahirent au bord de mes yeux encore fixés sur l’horizon.
Cette nuit là, éreintée de plaisir, je dormais chez lui, au milieu des bois, sur un grand matelas cernés de coussins, lovée dans bras. Il m’étreignait toute la nuit, posait de temps à autre des baisers sur ma peau nue, mais ne tenta plus de me faire l’amour, peut être par défit, peut être par respect. Aux premières lueurs du jour, il me ramenait, m’embrassait une dernière fois et disparaissait. Je n’eus pas le temps de lui avouer que je lui avais menti, que mes 38 ans étaient bien loin déjà, mais quelle importance, le plaisir partagé avait effacé toutes les différences.
Quelques heures plus tard, j’atterrissais à Paris, mes yeux encore ravis de la magie du panorama, mes lèvres encore empreintes de son goût, ma peau encore imprégnée de son odeur, mon corps, mon sexe encore comblés de lui, le feu de ma jouissance encore dans mon ventre. Tous mes sens en éveil, en cette dernière journée, m’accrochaient à jamais à son souvenir, au merveilleux de l’érotisme d’une rencontre improvisée sans lendemain.

[gris]Mystérieuse[/gris]

Commentaires (2)

  • Saint-James

    Je vois que nous fréquentons les mêmes sites ;-)
    J’aime beaucoup la ligne très classique du style, tout en élégance.
    Une belle ornementation érotique où s’entrelacent les motifs érogènes d’une rare efficacité ! Excitation garantie ! :-)
    Amicalement,
    Saint-James

  • MYSTÉRIEUSE

    Saint James

    Effectivement , mais ce n’est pas surprenant , la sélection se fait naturellement ...Nous avons vous et moi le gout pour l’écriture et l’érotisme ...
    Merci beaucoup pour vos appréciations ...Un éditeur m’a dit un jour que mon érotisme ne l’emmenait pas en voyage ,( Mon classicisme littéraire justement ) je suis donc ravie de vous avoir fait voyager dans l’imaginaire ...

    Amicalement

    Mystérieuse