Benjamin et Mister B.

Le 21/11/2011

Partie à l’autre bout du monde, au paradis diront certains, à Bali plus précisément, j’ai rencontré des hommes magnifiques. La ville de Kuta regorge de surfeurs australiens, tous plus virils et beau les uns que les autres, tous plus beaux que des illustrations. Ce soir-là, le mien s’appelait Benjamin. Benjamin l’Australien.

Rencontré au milieu d’une foule de jeunes touristes échauffés par le mauvais alcool et la musique trop forte, il est venu me parler aux alentours de minuit un vendredi. Grand garçon, 26 ans, souriant, beau. Le genre d’homme sur lequel n’importe quelle Parisienne n’étant jamais sortie de la capitale se retournerait. Il rayonnait de ce soleil qui lui chauffait le corps toute la journée quand il devait attendre la vague parfaite de l’océan indien. Nous avons passé une bonne partie de la soirée à rire. Moi, me moquant de son air supérieur et de sa plastique australienne, lui, jouant de mes délires éthyliques et de mon anglais imparfait. Après quelques heures à se chercher, quelques frôlements volés et regards appuyés à travers la foule instable des corps échauffés, je suis allée une nouvelle fois lui parler. Il était alors 3 heures du matin, j’étais saoule, lui aussi. J’ignore pourquoi lui en particulier m’a attiré. Rien ne le démarquait des autres modèles australiens, des autres surfeurs naturellement peroxydés qui portaient les mêmes Marcels trop grands et déformés. Je l’ai regardé dans les yeux, j’ai du dire deux mots, lui aucun, et nous nous sommes embrassés. D’un coup, la mauvaise musique s’est comme éteinte, les allés et venus des corps chancelants, fatigués par la fête et l’alcool, se sont calmés et nos corps semblaient ne pas nous avoir demandé notre avis pour se trouver. Cet homme, qui me semblait quelques heures plus tôt, n’être qu’une copie de plus, tout droit sortie de l’imprimante à « Monsieur parfait », fondait sous mes baisers français, et je me laissais aller dans ses bras finalement rassurants et forts.

« How can you kiss me like this ? »

Ses lèvres étaient tendres, sa langue caressait juste ce qu’il fallait et ses mains s’étaient naturellement installées dans la cambrure de mon dos, dont le haut cherchait à s’échapper de cette étreinte tandis que mon bassin se collait de plus en plus au sien.

« You can’t kiss me like this … stay here … wait … stop … no continue »

Le garçon, si confiant quelques minutes auparavant, riant avec toutes et jetant des sourires ravageurs à qui y répondrait, semblait perdre ses moyens sous la tendresse de quelques baisers passionnés. À mesure que nos corps s’enlaçaient et que mes jambes s’enroulaient autour des siennes, je sentais le sentais bander sous la fine matière du short de plage qu’il portait. Je comprenais mieux pourquoi il me demandait confusément d’arrêter de l’embrasser sans vouloir me lâcher.

« - See what you’re doing to me, now i can’t stand, i’ll have to wait here until i calm down.
-  Let’s go ! »

Je ne lui laisse aucune chance de se dérober, il n’en a d’ailleurs aucune envie et me prend la main - après quelques secondes chastes que je lui accorde finalement pour lui permettre de se lever sans être trop embarrassé. En riant, nos esprits embrumés par l’alcool et le désir, nous nous engageons dans les escaliers du club, en faisant quelques haltes coquines dans les virages les plus sombres.

Je ne me posais plus aucune question quant à l’australien « cliché » que j’étais en train de ramener chez moi. Il était déjà devenu à mes yeux le plus bel homme de la soirée, souriant comme un ange, la fossette de sa joue droite appelant à mille baisers et son horrible t-shirt déchiré n’étant plus qu’une invitation à le déshabiller.

« - Let’s take a cab. I live in Sanur, it’s quite far.
- Ok, I’ll take a taxi with you, if you promise to kiss me for the whole journey »

Après s’être révélé incroyablement sexy, voilà qu’il devenait mignon. Une rapide négociation avec un chauffeur de la Blue Bird Compagny et nous voilà partie pour l’est de l’île. Le trajet est passé rapidement. C’était la première fois que je vivais un tel enfièvrement dans un taxi. Ses mains étaient partout sur mon corps, et mes jambes étaient partout autour de lui. Le cuir des sièges grinçait et je captais de temps en temps le regard du conducteur dans son rétroviseur. Ce que cet homme devait penser de moi - une bien jeune blanche, ivre, en train de se faire peloter à l’arrière de son véhicule sans pudeur ni retenue - me traversait l’esprit un instant avant que les baisers, tendres et sauvages de Benjamin ne me renvoient directement à la soumission de mon désir. Si agréable sensation d’être trop fiévreuse pour se sentir coupable. Enfin se laisser contrôler par ses délicieux instincts primaires que la nature a faite si forts pour justement avoir le pouvoir dans de pareils moments. La climatisation ne suffisait plus à rafraîchir l’air du taxi, une légère buée recouvrait déjà les vitres quand nous sommes arrivés à l’entrée de mon Home-Stay.

« Thanks, Bye »

Je ne me souviens plus qui a payé le taxi, ni comment nous sommes arrivés dans ma chambre. Je ne me souviens plus si j’ai allumé le ventilateur avant ou après, si j’ai pris ma première douche froide (première d’une longue série) directement en arrivant ou encore si la musique familière de ma playlist jouait déjà avant que nous ayons fini.

« I hate your shirt ! »

Il m’a regardé, une fossette trahissant son amusement est apparu sur sa joue droite. Il a retiré son T-shirt. Sa peau, dorée juste comme il le fallait, ses muscles joliment dessinés, juste assez pour deviner à quel point le surf peut rendre un homme puissant, me renvoyaient une image de force virilement délicieuse. Je voulais qu’il me prenne partout, longtemps, je voulais sentir ses bras me porter, son corps solide soulever le mien avec légèreté. Et c’est sûrement ce qu’il a fait. Mais, déjà, je rêvais de Mister B.

Lui, aurait commencé par me caresser, ses mains seraient, doucement mais sans hésiter, descendues de mes seins à mes cuisses, j’aurais sentie un premier doigt venir caresser puis chatouiller mon clitoris jusqu’à l’échauffer, pas trop, juste ce qu’il faut pour commencer à me faire mouiller. Là, il aurait enfoncé un premier doigt, puis un deuxième. Sa bouche aurait déjà pris le relais sur ma poitrine délaissée, titillant mes tétons bientôt pointés de sa langue subtilement habile. Il aurait joué avec les parois de mon sexe, plié les premières phalanges, massé les parois de mon sexe échauffé. En entendant les soupirs et gémissements que j’aurais laisser s’échapper, il aurait mis un troisième doigt. Il n’aurait pu continuer longtemps ainsi car je n’aurais pas su tenir plus d’excitation, et pour le remercier, pour l’amener avec moi, pour partager le plaisir, je l’aurais sensuellement mais fermement allongé sur le dos. Une fois sur lui, son corps tout à moi, j’aurais retiré sa main d’entre mes cuisses maintenant couvertes de cyprine. Lentement, sans le quitter des yeux, en m’attardant sur toutes les zones érogènes de son corps, en goûtant l’arôme de sa peau douce et légèrement parfumée, j’aurais explorer son corps que je connais si bien mais dont je ne peux me lasser. Arrivée au niveau de son pénis, déjà durement dressé, j’aurais joué un peu avec ses couilles, léché l’intérieur de ses cuisses, glissé mon visage sur sa verge. J’aurais embrassé son grain de beauté, retracé avec ma langue les dessins de ses veines saillantes et atteint son gland déjà humide avec mes lèvres. Le plaisir que j’aurais eut à le sucer aurait été presque égal à celui qu’il me donnait avec ses doigts, jouant de mes mains sur ses testicules, jusqu’à effectuer de légères pressions au niveau de sa prostate pour l’entendre soupirer et le caresser encore, aussi passionnément que je le pourrais.

Enfin, j’aurais continué jusqu’à ce qu’il se redresse, attrape mon bassin et retourne entièrement mon corps afin que mes jambes écartées offrent à son regard impudique, ma vulve suintante et brûlante de désir. D’abord doucement et tendrement, j’aurais sentie sa langue sur mon clitoris tandis que ma bouche recouvrirait entièrement son sexe. Puis sa langue aurait commencé à me pénétrer, ses dents à mordiller doucement mon clitoris, puis se doigts se mêlant au jeu, m’auraient fait sentir le sang battre toutes mes extrémités jusqu’à ce que je ne puisse plus me concentrer sur la fellation et que, toujours sur lui, je me dégage de l’étreinte de ses bras autour de mes fesses et fasse volte-face. Alors, assise sur lui, son corps merveilleux à portée de regard, délicatement, j’aurais senti son sexe entrer dans le mien, glisser simplement jusqu’au plus profond de moi, me pénétrer avec facilité.

Je l’aurais senti, mieux que n’importe qui, j’aurais pu détailler les moindres centimètres carrés de chair qui nous unissaient à chaque seconde qu’il passait en moi. Et mon corps, sans plus me demander mon avis, aurait commencé la plus agréable des conversations avec le sien. En harmonie, nous aurions bougé par instinct, enlacé, nos esprits seulement occupés à s’aimer encore plus intensément, et nos corps, parfaitement coordonnés faisant tourner nos têtes plus fort que n’importe quel alcool balinais. Mon bassin d’ancienne danseuse se lançant dans un rythme de valse, puis de salsa puis de samba, toujours accompagné du sien qui aurait su suivre la cadence sans mal. Bientôt ses mains auraient vigoureusement agrippé mes fesses pour mieux me guider dans le ballet. Mes reins fermement retenus, ses bras virilement tendus vers mon corps chaud, son regard posé sur mon visage déformé par le plaisir, nos corps encore plus profondément emboîtés. Je l’aurais senti mieux que jamais, plus profond, exactement comme lui et moi l’aimions. Sentant le plaisir monter encore, nos transpirations se mêler, la luxure embaumer l’atmosphère ; sentant son sexe se durcir plus fort, le mien se contracter et cette boule incandescente grossir dans le bas de mon ventre, il aurait su que je venais. Il aurait attrapé, puis palpé généreusement mon sein gauche, posé les doigts de son autre main sur mon clitoris gonflé. Sans arrêter nos mouvements de bassins, maintenant délicieusement coordonnés, il aurait commencé à caresser mon sexe, mes lèvres et ma chair.

Mes cris de moins en moins retenus l’excitant encore plus, il aurait accentué l’action de ses doigts sur mon clitoris et j’aurais accéléré le mouvement de mes reins maintenant brillants d’une sueur chaude. Je n’aurais pas eu besoin de lui dire que ça montait et lui ne m’aurait rien demandé. Il aurait senti tout mon corps se contracter, mes ongles s’enfoncer dans son torse, mes muscles se crisper et mon dos se cambrer. Il aurait partagé mon plaisir en se laissant lui aussi aller. J’aurais alors senti son sexe convulser en moi, le liquide chaud de son sperme se répandre, envahir mon corps, réchauffer mon ventre déjà brûlant. Puis j’aurais laissé le plaisir de l’instant envahir l’espace-temps : moi, lui, le lit, l’ardente sensualité du moment, mes doigts agrippés à sa peau ferme, ses mains posées sur mon derme, nous soupirs confondus. Nous aurions partagé le plus bel orgasme qui m’aurait été donné de connaître. Nos cris se confondants, l’excitation à son paroxysme, la pièce remplie de notre incontrôlable et délicieux plaisir, de cette énergie sexuelle unique, nous aurions joui ensemble. Une nouvelle fois.
Laissant la douceur et la force de l’orgasme parcourir mon corps entièrement, dans un état d’extase incomparable, je me serais allongé sur son corps brûlant et nous nous serions parlé sans s’exprimer, seulement par nos pensées qui se seraient retrouvées dans un monde différent et parallèle, un monde où les mots ne veulent rien dire et le son ne s’entend plus. Il serait resté en moi encore longtemps, peut-être nous serions-nous endormis dans cette position, lui en moi et moi sur lui, son sexe protégé par le mien, mon corps en sécurité au creux du sien, enlacé par ses bras fatigués, simplement, sans en avoir besoin de plus…

Oui, ce matin là, j’ai rêvé de Mister B. Je le fais souvent quand je suis loin.

Car Mister B. n’est pas Benjamin. Mister B. s’appelle Diego Beloff. Il est l’homme de ma vie, c’est mon corps qui me l’a dit.

[gris]Magdalena Calderon[/gris]