Un cinéma à revoir ?

Le 26/10/2023

Tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, le cinéma et la télévision ont utilisé la sexualité comme appât : les scènes de sexe attiraient une large partie du public qui était titillée en gardant bonne conscience, car elle se tenait éloignée du porno. Le XXIe siècle occidental est bien différent.
Une nouvelle étude publiée par l’université californienne UCLA (centre pour universitaires et conteurs) montre que 47.5% des jeunes se plaignent de trop nombreuses scènes de sexe au cinéma et à la télévision. 44% des 13-24 ans pensent que les scènes de romance sont trop nombreuses et 51% préfèreraient voir des films où l’amitié et les relations platoniques priment.
Au Japon, où les rapports sexuels sont au plus bas depuis quelques années, les les fans de 7 K-Dramas pensent depuis longtemps que certains scénarios auraient été bien meilleurs sans romance. A présent, les tropes romantiques - où l’idylle connait une fin heureuse juste avant le générique de fin - ne séduisent pas plus les jeunes spectateurs de nombreux pays occidentaux. Selon l’étude, "Si la popularité de Twilight et des Hunger Games a donné un coup de fouet au triangle amoureux, ce qui était autrefois une nouveauté est devenu monnaie courante, et les adolescents semblent s’être désintéressés de ces intrigues".
Pour le docteur Yalda T. Uhls, co-autrice de l’étude et professeure adjointe au département psychologie de UCLA, une partie des raisons qui poussent les jeunes à cette désaffection tient aux récents changements de société : "Nous savons que les jeunes souffrent d’une épidémie de solitude et qu’ils cherchent un modèle dans l’art qu’ils consomment", explique-t-elle. Ils veulent, par ailleurs, que la fiction reflètent l’ensemble des relations possibles, plutôt que de s’en tenir à la sexualité et aux sentiments amoureux.
Cela vient corroborer d’autres études sur la baisse du nombre de relations sexuelles chez les jeunes. Celles-ci tiennent à une multitudes de facteurs dont, sous un angle écologique, une vision sombre de l’avenir de la planète et, sous un angle humain, une modification du rapport de confiance dans la relation sexuelle (différentes affaires #metoo, cybersexisme, harcèlement sexuel, etc.).
Le schisme qui se creuse entre les nombreux pays à la démographie décroissante (une bonne partie de l’Europe, la Russie, le Japon, la Chine, les US...) et ceux à la démographie croissante (l’Afrique centrale et l’Afrique du Sud - qui devraient passer de un milliard d’habitants aujourd’hui à près de 2,4milliards en 2050 -, les petits États du Proche-Orient, une partie de l’Amérique su Sud, etc.) montrent que le rapport à l’Autre et à la sexualité n’est pas la même à travers le monde. Reste à savoir si le cinéma américain, qui abreuve le monde de ses images, devra produire des fictions à deux vitesses ou si elle compte se caler sur la triste tendance des jeunes occidentaux...

© Photo : film "Nymphomaniac", de Lars Von Trier.