Sexe, mort et sacrifice

Le 03/03/2010

Le musée du Quai Branly accueille de bien étonnantes figures. Avec l’exposition Sexe, mort et sacrifice dans la religion Mochica (population précolombienne installée sur la côte nord-péruvienne), le musée rassemble 134 céramiques représentant des actes sexuels ou sacrificiels. Cependant point d’érotisme à l’horizon, l’exposition s’attache ici à démontrer le lien entre la religion, le pouvoir, la mort et la sexualité. Le commissaire d’exposition, Steve Bourget, propose une lecture intéressante de cette civilisation à l’imagerie sexuelle débordante, religieuse et politique où copulent volontiers hommes, animaux et squelettes.

En effet, la riche iconographie des Mochica se substitue à l’écriture, l’absence de celle-ci rendant d’ailleurs difficile la compréhension véritable de ce peuple. Cependant, cette exposition révèle un aspect de cette société que notre époque et notre jugement peuvent difficilement concevoir. Il semblerait en effet que ces poteries au réalisme surprenant ne servent pas à exciter l’être humain comme notre imagerie contemporaine le fait. Elles ont avant tout une fonction rituelle complexe, la représentation de scènes explicites accompagnant le défunt afin d’assurer son retour à la vie et à la fertilité.

Certes, Steve Bourget et sa conseillère scientifique, Anne-Christine Taylor, admettent qu’il s’agit ici d’hypothèses basées sur le peu d’éléments que nous possédons face à cette culture très lointaine. L’exposition présente néanmoins de fabuleux objets dont la technique et le thème, malgré les inévitables interprétations que pourra faire notre esprit actuel, ne peuvent que nous toucher.
Face aux civilisations qui nous précèdent, notre esprit ne cherche pas tant à savoir qu’à voir et ressentir une émotion.



Sexe, mort et sacrifice dans la religion Mochica// Musée du quai Branly // 37, quai Branly 75007 Paris// Du 09 mars au 30 mai 2010.



© Museo Larco, Lima-Pérou