Rome parfumée

Le 02/01/2010

De la salle de bain, ELLE entendit la mini-sonnerie de son portable. "Un SMS !" Le cœur battant, toute nue, ruisselante, elle se précipita dans la chambre. "C’est LUI". Elle le savait, elle en était sûre. A cause du Parfum. "Un vrai délice, un SMS de lui et ça m’inonde sans prévenir, ça sent si bon que je LE veux en moi…là…tout de suite". Attrapant son téléphone, elle constata que le message venait bien de Marco. ELLE, humide et tremblante, perplexe devant son écran, essaya à nouveau de résoudre ce mystère. Comment et pourquoi le parfum de cet homme hors du commun se propageait-il autour d’elle en exquises bouffées, juste avant l’arrivée de chacun de ses messages ?

Ce phénomène insolite avait envahi sa vie dès sa première nuit passée à Rome.

Tout s’était enchainé très vite : Clara, une amie vivant dans la Ville Eternelle l’avait appelée un soir de la semaine. Entre 2 fous-rires au bout du fil, la belle italienne l’avait subitement invitée pour le week-end qui arrivait. Au programme des festivités romaines : tous les soirs, Nuit Blanche.

PREMIER JOUR / SOIREE de la « Via di Pietra »

C’est dans cet esprit de fête que quelques jours plus tard, dans le hall de Fiumicino, elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre. Elles rirent comme des gamines délurées dans le taxi jusqu’à leur arrivée chez Clara. Les fêtes du week-end se passaient toutes autour du Panthéon et portaient le nom des rues où l’on recevait. Par chance, la soirée « Via di Pietra » se trouvait à deux pas de là et elles prirent le temps de se faire très belles tout en parlant de mille choses. A leur arrivée, la « Bella Vita » battait son plein. Tout le monde connaissait, aimait Clara et chacun voulu être présenté à son amie française. ELLE trouva les italiens chaleureux, galants et sexy, les italiennes jolies et piquantes. Hommes et femmes se pressèrent autour d’elle, remplissant son verre, la faisant danser, lui parlant français avec un accent adorable. Les prémisses du grand jeu de la séduction se mettaient agréablement en place. L’éclairage tamisé de la pièce et la musique lascive faisaient flotter dans l’air un je-ne-sais-quoi de subtil et d’excitant et ELLE, les sens exacerbés, s’amusa à détecter les très nombreux regards enjôleurs échangés entre les convives. Et dans les coins les plus sombres, déjà des couples éphémères se formaient pour la nuit à venir. Entourée d’hommes plus séduisants les uns que les autres, elle se laissa aspirer par cette ambiance moite et chaude à laquelle il était difficile de résister. D’ailleurs, comment aurait-elle pu résister à quoi que ce soit en entendant « I put a spell on you » jazzer dans la pénombre et une voix lui dire dans un souffle : « C’est avec moi que vous devez danser ça. Avec personne d’autre ». Le ton était doux, viril, rieur, sans appel. ELLE se retourna, le découvrit et son cœur explosa comme un 14 juillet. " Voilà, s’il y en a un, ce sera LUI ! ". Et elle le désira aussitôt en elle. Cette révélation éclatante l’ébranla. L’homme profita de cette seconde de trouble pour l’entrainer dans une danse lente et chaloupée. Il l’entoura par la taille et se présenta en un mot : « Marco ». Ils se flairèrent, elle adora son odeur. Il la serra plus encore contre lui et lorsqu’au travers des vêtements, le renflement du bas-ventre féminin effleura la triomphante dureté masculine, ils frissonnèrent en même temps. Au fond d’elle, le rhum parfumé l’invitait à s’abandonner et elle laissa faire. Elle était enfin Femme au fond d’elle, et c’était bon. A présent, elle avait juste envie de s’envelopper dans le parfum de cet homme jusqu’au bout de la vie. Lovée dans ce brouillard mystique, un : « Attention, Danger » parvint jusqu’à ses oreilles. Cela devait venir de la voix de Clara, mais ce n’était plus son problème. A la fin de la danse, après une légère courbette, Marco murmura : « Vous êtes très…attachante ». Les joues brulantes, ELLE répondit avec insolence et naïveté : « Attachez-moi ! ». Il la regarda avec admiration et lui demanda son numéro de portable. C’était un ordre et, découvrant le plaisir d’être docile, elle s’exécuta. Il en profita pour l’appeler dans la foulée et lui dire : « voilà, maintenant, vous possédez mon numéro. Gardez-le : c’est vital ! Bonsoir Bellissima ». Puis il tourna les talons, quittant définitivement la soirée « Via di Pietra ». "Maintenant, je suis perdue".

SECOND JOUR / SOIREE de la « Via Pastini »

Elle fut réveillée par son portable et une trainée de parfum de Marco. Sur l’écran, un SMS : « J’adore votre parfum ». Signé Marco. Cet Homme était en train de la rendre fragile. Mais tellement vivante à la fois. Forte, aussi. Très. Alors elle répondit : « Le vôtre plane encore autour de moi, mystérieusement, une odeur de cuir et de miel mêlés ». Il n’y eu pas de riposte. Longtemps après, en fin d’après-midi, elle sentit à nouveau l’odeur douce et épicée flotter autour de son portable, et un message de Marco tomba : « Etes-vous de la soirée « Via Pastini » ? Elle tapa sur son clavier : « Oui, et vous ? », mourant d’impatience de connaitre la réponse. Celle-ci mit du temps à arriver, mais finalement les notes suaves, animales du parfum enivrant de Marco annoncèrent : « J’y serai. Mais interdiction de venir me parler. Vous aurez juste le droit de me regarder ». Elle rétorqua : « c’est pas du jeu ! » La réplique de l’homme, cette fois-ci, fut immédiate : « Bellissima, c’est justement ça LE JEU ! »

Elle l’aima ou le détesta. C’était pareil.

Lorsqu’elle pénétra dans l’hôtel particulier où se tenait la soirée, elle l’aperçut immédiatement. Il était magnifique. ELLE pensa : "Félin, frémissant, haute lignée". Son parfum viril lui gicla au visage et tout coula au cœur de ses cuisses. Et elle sut qu’il le savait. Il était son maitre. Il resta environ une heure, s’étirant de femmes en femmes, puis disparut. Pendant cette heure ELLE n’avait pas arrêté pas de le chercher du regard, mais pas une fois il n’avait posé les yeux sur elle. Cinq minutes après son départ, au paroxysme de la frustration, elle reçut ce message : « Vous êtes Divine. Demain vous serez à moi ». Et dans un nuage parfumé elle envoya de son portable un "Oui" libre et étoilé.

TROISIEME JOUR / « Soirée de la Piazza della Rotonda »

Conversation entre textos dans une chambre de fille, parfumée au miel d’épices et de cuir :

LUI : Etes-vous de la soirée « Piazza Rotonda ?

ELLE : Oui

LUI : Avez-vous mis dans votre valise des dessous chics ?

ELLE : Oui

LUI : Dress code pour ce soir : Robe chic et noire, talons aiguilles, bas et dessous chics noirs. A la soirée : interdiction de me regarder. Attendez mes instructions et plus tard vous serez à moi.

A cause du parfum, à cause de tout ce mystère, elle le désira tant que cela lui fit mal. Pour calmer la douleur du manque de lui, elle se caressa et s’envola.

A la soirée « Piazza della Rotonda », Marco resta invisible. Au moment où ELLE commençait à se dire que tout n’était que fantasme, elle l’entendit chuchoter derrière elle : « Surtout, ne vous retournez pas. Sortez dans un quart d’heure. En bas, dans la rue, une voiture et mon chauffeur vous attendront. Laissez-vous conduire jusqu’à moi. A très vite, Divine. Savez-vous que je raffole de vos bas-coutures en soie ? Si vous ne les aviez pas portés ce soir, jamais je ne serais venu jusqu’à vous. »

Quinze minutes plus tard, ELLE, envoutée, quitta en douce la soirée et se retrouva assise sur le cuir de la banquette arrière d’une Rolls. La tête lui tournait de peur, de plaisir, d’ivresse et d’excitation mélangés. Dès que la voiture prit un peu de vitesse, l’odeur de Marco se mit à envahir un peu plus l’habitacle et un nouvel SMS arriva sur son portable : « Divine, si vous portez une petite culotte, débrouillez- vous pour l’ôter avant votre arrivée chez moi ».

Lorsqu’elle sortit de la voiture, Marco charmant, l’attendait avec courtoisie devant l’entrée de son palazzo. Elle lui tendit la main et il l’attrapa se courbant devant elle. Une petite dentelle noire roulée en boule passa d’une caresse à l’autre et le regard d’adoration de Marco fit d’elle une reine. La femme faite Reine se retrouva assise sur un canapé de velours cramoisi face au Maitre de Cérémonie, un verre de rhum à la main. Il lui souriait. Se taisait. Elle aussi. La pièce n’était éclairée que par quelques bougies posées ici et là sur la table basse et la lumière frissonnante jouait avec la densité du visage de l’homme, le rendant encore plus viril. Elle prit un plaisir fou à le contempler. Sa façon bien à lui de la regarder avec une tendresse ironique était à en mourir de volupté. Un fado pleurait non loin d’eux et tout allait pouvoir exploser, être révélé.

Depuis le début, cet homme lui avait offert tous les stigmates du saint frisson. Après chacune de ses apparitions, chacun de ses messages, elle était restée en apesanteur, suspendue à lui. Intimement liée à Marco par ce mystérieux sortilège, elle avait l’impression de respirer avec délice dans son parfum depuis toute éternité. Alors, à l’heure fatidique, elle avait choisi avec soin sa robe et ses dessous de femelle chic, s’était fait le cadeau somptueux d’un entrejambe libre et nu sous son fourreau noir, tout ça pour se jeter avec joie et sans condition dans la gueule du loup.

Rien ne comptait plus que la splendeur de ce parcours initiatique.

Il lui demanda de fermer les yeux, de décroiser ses jambes fines et le bruissement de soie que Marco attendait avec tant d’impatience se fit enfin entendre. C’était le murmure de la soumission. Le cantique des cantiques.

Elle sentit sa robe se soulever légèrement. Instinctivement elle rouvrit les yeux, et parce qu’elle était prête, qu’elle était prise, elle se soumit à ce qu’elle vit. Toujours assis loin d’elle, il jouait avec une cravache, et sans un mot il lui écarta doucement mais très fermement les cuisses du bout de son cuir. Doucement, elle commença à gémir dans la respiration de Marco, et lorsque la caresse indicible atteint l’âme de son bas-ventre, tout en elle devint fluide, liquide comme ce fado dans lequel ils avaient plongé. Elle fondit en larmes, de son sexe à ses yeux. C’était fondamental, secret, précieux.

Plus tard, ils se retrouvèrent debout, l’un frôlant l’autre. Il la dépouilla de sa robe orchidée, la complimenta sur la noirceur élégante de sa guêpière, attrapa une corde de marin brulée par le soleil et les embruns et en silence, attacha ses bras en l’air à Dieu sait quoi en faisant des nœuds coulants savants. Puis il lui banda les yeux et rien de tout cela ne l’effraya ni ne lui fit mal. Au contraire. Dans un immense respect, il l’avait placée, délicatement crucifiée, sur un piédestal de douceur et paupières scellées, elle prenait de plein fouet son regard tendre et attentif posé sur son corps immolé. Il redessina tous les contours de sa chair du bout de son souffle, l’enivra de son parfum et elle entendit la cravache lui murmurer qu’elle était belle…si belle. Une reine faite enfin Femme.

Et lorsqu’il l’enveloppa pour mourir de plaisir dans son plaisir limpide, ELLE s’incarna autour de LUI dans une ineffable et parfaite extase.

ELLE et Marco ne se revirent jamais.

Pourtant le divin Parfum continua de la hanter. Il devint même omniprésent. Parfois si puissant qu’elle en avait mal. Alors, elle se servait un rhum parfumé et laissait ses doigts calmer son érotique douleur.

ELLE et Clara continuèrent de s’appeler et avoir des fou-rires ensemble. De temps à autres, Clara croisait Marco lors de quelques fêtes romaines. Mais jamais la belle italienne n’en parla à son amie française.

Un jour, beaucoup plus tard, ELLE reçut une balle en plein cœur, un message de Marco : « Bellissima, votre petite dentelle de soie noire est unique, magique. Je la respire et je retrouve votre âme parfumée, votre divin cul ! »

Ce jour-là, il neigeait. Même les flocons qui virevoltaient autour d’ELLE étaient parfumés.

[gris]ELLE[/gris]

Commentaires (3)

  • Anonyme

    Très beau texte.
    Mais beaucoup trop de préliminaires pour une fin ... qui laisse sur sa faim.
    Dommage.

  • ELLE

    Très joli jeu de mot....mais quand on a faim, il n’y a jamais de fin...C’est le propre du fantasme, afin qu’il ne s’achève jamais, cher Anonyme

  • RsHiolEFSoeghCNzbWs

    Y6q5aO Kudos ! What a neat way of thkniing about it.