Les mots de l’érotisme

Le 18/02/2011

L’érotisme constitue probablement un défi littéraire à part entière. Emma Becker a mené l’exercice sur près de 500 pages : à 22 ans elle publie Mr, une autofiction - la narratrice s’appelle Ellie Becker - qui reprend ses expériences charnelles avec un "vieux".

Pas de scènes sexuelles "froides" entre l’ingénue de 20 ans et le libertin quadragénaire : toutes les descriptions sont intellectualisées par la plume, car le choix des mots renvoie immanquablement au tabou, à la pudeur, au fantasme. Dans une interview du 9 février 2011, elle explique à un journaliste de Rue 89 combien il est important de "trouver des mots qui résonnent dans l’inconscient collectif, et non des mots du dictionnaire, aseptisés". Elle a donc préféré "enculer" - qui "a une certaine classe" - à "sodomiser", qui "met tout le monde mal à l’aise".

"J’ai connu le goût du foutre de Monsieur bien avant de reconnaître enfin son visage" : l’auteure évince la pruderie, quitte à mettre en scène ce qu’on retrouve dans le porno mainstream. Elle estime que ce qui peut être signe de domination machiste dans le commerce pornographique ne l’est pas dans l’espace de liberté qu’est la sexualité de deux individus.


Ecrire l’érotisme, interview Emma Becker 1/3

Ecrire l’érotisme, interview Emma Becker 2/3

Ecrire l’érotisme, interview Emma Becker 3/3