Le taxi

Le 12/04/2009

J’étais fatiguée. Il était plus de 21h, je sortais du bureau. Une journée entière de réunions plus ennuyeuses les unes que les autres. Ces réunions qui se suivent et se ressemblent, des hommes misogynes qui n’ont pas envie d’entendre une femme s’exprimer trop longtemps, et des hommes souvent si fats que les notions de séduction s’effacent d’elles-mêmes. Je n’avais qu’une envie, rentrer chez moi au plus vite et me glisser dans un long bain chaud, avec un verre de vin pour me détendre et tout oublier jusqu’au lendemain. J’ai sauté dans un taxi.

J’ai indiqué au chauffeur la direction souhaitée, la tête plongée dans mon Blackberry, pour envoyer encore quelques derniers mails. Puis j’ai relevé la tête pour commencer à regarder autour de moi. Paris scintillait, la nuit après la pluie, et la chaleur naissante du printemps ajoutait une note d’électricité à l’air ambiant.

Nous étions déjà à mi-chemin lorsque mes yeux se sont posés sur ses cuisses. Au travers de son jean, je sentais ses cuisses larges, musclées comme celles d’un rugbyman. J’ai senti un frisson me parcourir. Je l’ai regardé de la tête aux pieds, aussi mal que je pouvais le faire depuis le siège arrière, mais c’était suffisant pour découvrir, et une fois n’est pas coutume, que mon chauffeur de taxi avait un corps athlétique et totalement désirable. Pendant toute la seconde partie du trajet, je suis restée fixée à le regarder, de sa nuque épaisse de taureau à ses bras épais, pendant que mon corps se réveillait de sa longue torpeur (je crois que cela faisait maintenant des mois que je n’avais pas fait l’amour avec un homme, j’avais atteint ce stade où mon corps n’avait pas été sollicité depuis si longtemps, que le désir ne se réveillait même plus).

Arrivée à destination, je n’avais pas échangé plus de trois mots avec mon conducteur, et il était trop tard pour engager la conversation au moment de régler la course. Alors, prise par une fougue imprévue et un courage que je ne me connaissais pas, j’ai demandé à ce chauffeur de taxi ce qu’il penserait de monter avec moi boire un verre à la maison. Tout en lui posant la question, mon cœur battait à un rythme fou, je redoutais d’avoir à essuyer un refus qui m’aurait humiliée. Mais il m’a répondu aussi banalement que si je lui avais parlé de la météo, a garé son véhicule et m’a suivie aussi normalement que s’il m’avait aidée à monter une valise. Quand j’ai enfin eu le courage de regarder son visage, lorsque nous étions dans l’ascenseur, j’ai vu le visage d’un très jeune homme aussi intrépide que démuni de toute initiative et je crois bien que j’ai commencé a être très excitée lorsque j’ai compris qu’il se laisserait porter par les évènements, que j’avais entre les mains un jouet vivant.

La conversation dans le salon a été laborieuse, je n’avais rien à lui dire et je sentais que plus je l’entendrais me raconter ses platitudes, plus mon désir fondrait un peu plus à chaque mot énoncé. Je regardais ses pieds, il avait d’horribles godillots, et remontais vers ses mains puissantes, son buste large, la tablette de chocolat qui se devinait sous son t-shirt moulant et l’urgence se manifestait de nouveau. J’ai coupé court à la conversation en l’embrassant. Ses baisers étaient malhabiles, un peu mécaniques, mais je n’avais pas été embrassée depuis si longtemps que je ne m’embarrassai pas plus longtemps de cette déception. Je l’ai entraîné vers ma chambre, laissant à peine quelques lumières tamisées, pour ne pas voir sa gêne et pouvoir le rêver mâle dominant. Nu, il était magnifique et très désirable. Sa belle verge bandée se dressait, m’appelait. Je l’ai caressée de mes mains pour la voir grandir encore un peu, puis ma langue a joué avec le bout de son gland avant que goulûment je l’engloutisse au fond de ma bouche, me délecte de tout, son méat, son frein, puis ses testicules que j’ai soupesés, léchés, avalés avant de descendre vers son anus où je me suis perdue à force de vouloir y enfoncer mon visage. Il n’a pas bougé. Je sentais son plaisir, mais il était si intimidé par ma gourmandise qu’il se laissait entièrement faire, comme un puceau avec une femme d’âge mûr. J’ai glissé sa tête entre mes cuisses et me suis pratiquement assise sur son visage. Sa langue longue et râpeuse m’a lapée, ses lèvres ont avalé les miennes et il m’a délicieusement, longuement sucé, tandis que je lui demandais de ses doigts de fourrager en même temps mon sexe et mon anus, en jouant contre la fine paroi qui les sépare.

Lorsque mon excitation fut à son comble et que ma jouissance s’est exprimée, je n’ai pas pris le temps de reprendre mon souffle. J’ai glissé le long de son corps pour venir m’empaler sur sa verge toujours dure. Là encore, je dirigeai les opérations, imposai mon rythme, guidant ses mains vers mes seins, caressant ses testicules d’une main lointaine, soucieuse uniquement de mon plaisir. J’avais entre les cuisses un vibromasseur vivant, une machine-outil, un engin capable d’aller et venir très longtemps. J’en ai profité jusqu’à l’abus, deux ou trois orgasmes ne m’ont pas rassasiée. Alors qu’il pensait s’endormir tranquillement dans mon lit après avoir bien joui, je l’ai tiré vers la douche. J’avais encore envie de le sucer. Docilement, il n’a rien dit, m’a suivie, a rythmé de ses mains sur ma tête le mouvement désiré. Je ne voyais plus rien, l’eau de la douche m’empêchait d’ouvrir les yeux, mais je sentais bien sa queue grossir sous le jeu de ma langue et mon désir aussi, qui renaissait encore.

Comme dans un mauvais film porno, il n’a plus fait cas de moi, il m’a levé, retournée, collée contre le mur de la douche et m’a enfin prise dans toute la violence de son désir. Mon visage écrasé sur les carreaux de la douche, mes seins pétris, pincés, mes fesses martyrisées, et son vit si acharné à atteindre des profondeurs inatteignables. Cette soudaine fulgurance de son désir a décuplé le mien. Le chauffeur de taxi existait enfin, en mettant fin à sa soumission, il réveillait en moi une excitation totale. Il ne restait plus de moi qu’un long râle de plaisir, une série de douleurs ici et là et un sentiment de plénitude infinie.

Lorsque ma première réunion du lendemain a commencé, que mes seins endoloris subissaient avec plaisir le frottement du tissu de ma chemise sur mes mamelons érectiles et que quelques courbatures gardaient mon esprit plus près des souvenirs de mon corps que du contenu de la réunion, je me suis demandée lequel des hommes dans cette pièce pourrait être une aussi bonne surprise que ce chauffeur de taxi dont je n’ai pas retenu le nom.

Anne Nice