Le maître d’hôtel

Le 29/11/2009

Un grand maître d’hôtel, portant toujours la livrée et dont je dirai d’avantage plus tard, captait toute mon attention. J’aimais être malade pour lui demander de m’apporter de douces tisanes au lit, des potages épais et sans saveur, des sirops pour des toux que je n’avais pas, n’importe quoi pour l’obliger à venir dans ma chambre, alors que j’étais en petite tenue. J’essayai, sous n’importe quel prétexte, de le faire approcher du lit, de pouvoir frôler d’une manière ou d’une autre son sexe si intrigant et mystérieux pour une petite fille de mon âge. Il consentait à toutes mes demandes et je n’ai jamais su si c’était de la docilité ou si l’interdit éveillait un peu ses sens. Je me demande aujourd’hui ce qu’il est devenu, s’il lui arrive d’y repenser, si je ne devrais pas chercher à le revoir.

Son visage portait les stigmates d’une vie dure, mais il avait un regard d’une intensité telle qu’on peut dire de lui qu’il était beau, terriblement séduisant même. Je n’ai jamais su si mes parents soupçonnaient l’attrait que j’avais pour lui, mais revenait souvent à la maison une conversation sur des temps difficiles, un personnel pesant trop lourd sur les charges générales de la famille, bref, nous étions toujours à deux doigts de nous séparer de lui ce qui m’était proprement insupportable. J’étais encore loin de ma majorité, mais j’avais déjà décidé de lui offrir mon corps le moment venu.

Quand je ne jouais pas la comédie de la maladie (j’avais le teint si pâle et l’appétit si fragile que mes mensonges étaient plausibles), je m’étendais sur la moquette de l’entrée la tête bien calée sur mon oreiller, les jambes honteusement ouvertes à la vue de tous, laissant paraître mes culottes de coton blanc. Je lisais ou passais de longs moments au téléphone, parlant de tout et surtout de rien. L’office étant à proximité de là où je me tenais, je comptabilisais ses allers-retours, essayais de capter un regard, minaudais sans vergogne et rêvais secrètement de voir son sexe réagir à mes provocations.
Cela m’excitait.

Un jour que ma mère s’était absentée pour la journée et que je savais mon père occupé jusqu’à fort tard le soir, je lui proposais de quitter sa cuisine pour dîner avec moi, afin que mon repas soit plus joyeux. La proposition ne le déstabilisa pas, il refusa tout net. Il n’était pas question pour lui de céder à mon caprice et de risquer la perte de son emploi. Fantasque comme je l’étais, je n’allais pas en rester là. Je dînais seule dans la grande salle à manger, exigeant ici plus de ketchup, là encore quelques frites faites maison, et je ne me privais pas de manger langoureusement chaque bouchée.
Un autre jour, alors qu’il était assis dans l’office, occupé à faire briller l’argenterie, je prétendis buter et tombais sur les genoux, la tête très à proximité de son entrejambe, et effleurai ainsi son membre pendant quelques fractions de secondes. Je flairai son odeur.

Je pense qu’il avait quarante-deux ans : cet âge me reste en tête, sans doute ma mère en fit la remarque. Il avait des yeux et des cheveux bruns, les lèvres charnues, un air de pirate ou de corsaire qui s’accommodait mal avec sa fonction. Sa voix était grave, caverneuse même ; elle rompait le silence de la maison avec élégance.
Je sentais ma détermination sourdre en moi. J’étais volontaire, exaltée par un possible danger.

Un soir tard, alors que mes parents dînaient dehors comme à l’accoutumée, qu’il avait fini son travail et montait dans sa chambre de bonne, je décidais d’agir.
Je montais doucement l’escalier de service quelques minutes après son départ. La minuterie s’était éteinte, je montais tant bien que mal, à tâtons. La lumière des toilettes d’étage facilitèrent mon arrivée au sixième. Dans l’entrebâillement de la porte restée ouverte, je le vis debout en train de pisser. Je pense que ma lascivité m’a propulsé juste derrière lui et, comme une enfant effrontée que j’étais, j’ai caressé ses fesses et ai attrapé son membre pour sentir couler sur mes doigts son urine bien chaude. Sa position, l’étroitesse du lieu et son jet d’urine ininterrompu ne lui permettait pas de réagir. Je séchais mes doigts dans sa toison épaisse et me hissais sur la pointe des pieds pour tenter de glisser quelques baisers dans son cou, ceux qui irritent et font monter des frissons.

Je l’embrassais et l’excitais aussi longtemps qu’il pissait. Je ne savais pas si je pouvais le faire bander et encore moins en urinant, s’il allait me rejeter ou m’attirer à lui et ces quelques secondes intenses de mes premiers émois m’ont fait trembler de la tête aux pieds.
Il tira enfin la chasse, remonta la braguette de son pantalon, retourna son visage vers moi, dur, fermé, hostile.
Il me prit par la main, me poussa brutalement dans le couloir et alors que je pensais qu’il allait me faire dévaler les escaliers quatre à quatre pour que je rejoigne le confort de ma chambre, il me bouscula dans sa mansarde exiguë, laide, avec pour seuls meubles un lit étroit, une table en formica, une étagère branlante.

Un instant je regrettai cette sotte idée : le décor hostile ne m’excitait plus, sa violence non plus. Mais une fois poussée sur le petit lit étroit, sa main courant timidement le long de mes cuisses, sa bouche y déposant des baisers chauds, timides et émus, je me laissais faire. Il remonta ma chemise de nuit en pilou-pilou, et sa langue pointue remonta lentement le long de mes cuisses, fit le tour de mon aine, puis de mon pubis bombé et doux et enfin il arriva sur mes lèvres et mon clitoris, me lécha longtemps, délicatement, et je restai immobile, le corps réagissant à peine, trop occupée à comprendre les sensations de toutes ces choses de l’amour.

Je laissai tomber ma main sur le côté du lit, caressai sa cuisse, ses fesses et tentai maladroitement de trouver le chemin vers son sexe. Le peu de littérature érotique dans les bibliothèques de mes parents m’avaient fort bien initiée à la chose, je savais qu’il fallait caresser doucement son sexe, malaxer délicatement ses couilles, poser la bouche sur son gland, jouer avec son frein, y déposer grande quantité de salive, puis gober la chose et par des mouvements d’aller-retour tenter de l’engloutir toute entière et si la porte arrière n’offrait pas de résistance, tenter aussi d’y mettre un doigt ou deux.

Vous dire que de ces quelques lectures à la pratique fut aisé serait fallacieux. Son sexe était énorme, il bandait, je ne savais pas quel bout m’y prendre, d’autant que l’odeur m’avait d’abord saisi à la gorge, avant que je comprenne qu’elle était animale et excitante. Il me guida de ses deux mains dans mes cheveux, il s’abandonna à ma maladresse avec délices et rapidement nous étions dans un 69 acrobatique à cause de la différence de nos tailles.

J’étais trop excitée et ignorante du sexe opposé, mais je me souviens du plaisir que je ressentis à avoir sa langue sur mon clitoris, oeuvrant si bien que je sentais quelque chose de fort monter en moi. Cependant je n’osais laisser l’orgasme m’envahir de peur que cela fut trop fort et serais les cuisses à chaque instant où je sentais que j’allais être emportée.

Il eu la délicatesse de ne pas venir dans ma bouche trop petite, un Kleenex à proximité recueilli le fruit de sa jouissance et il ferma les yeux, d’un air apaisé. Je murmurai ensuite timidement tout ce que j’avais lu, pour lui montrer à quel point j’étais experte et compenser ainsi ce que je n’avais pas su lui donner. A commencer par mon hymen, que je gardais encore un peu, pour une occasion ou autre. Plus tard.

[gris]Titalou[/gris]