Au téléphone...

Le 04/08/2011

— j’ai fait ce que tu m’as demandé. Je n’aurais peut-être pas dû…

Il ne comprend pas tout de suite, elle semble déçue. Et là, il se souvient, il avait lancé l’idée comme une boutade. Elle avait relevé le défi, pour s’amuser, pour se jouer de lui, pour le provoquer, pour partager.

Il sourit d’un grand sourire franc. Ils se sentent tout d’un coup comme deux collégiens qui partagent un secret. Un secret terriblement bon… Il l’embrasse.

Il est dans les rues. Il cherche une boutique. Il tourne en rond. Il ne sait plus ce qu’il cherche. Il est perdu. Il pense à elle, prend son téléphone. Compose un autre message « Tu aimes la sensation ? » Il regarde le message partir et l’imagine arriver… Il cherche sa boutique mais il est ailleurs.

« Je sens l’air frais, c’est doux » lui dit-elle par le même moyen. Elle avait déjà connu cette sensation. Elle avait oublié. Elle redécouvre. Elle l’imagine se demandant comment elle est installée à son bureau. Elle sent sa curiosité. Il a envie d’être là, de voir son regard, de voir son sourire. Elle le sait. Et cela la fait frémir. Sa collègue peut-elle s’apercevoir de ce qui se passe ? Elle s’inquiète mais ne veut pas arrêter là. Jusqu’où ira-t-elle ? Elle se demande. Mais elle se rend compte que la situation lui plaît, l’excite.

Il lit, avide, les quelques mots reçus. Il les relit. Voudrait être de l’air frais, glisser sous sa jupe. La frôler. L’effleurer. La caresser. Au lieu d’air frais, il sent une bouffée de chaleur l’envahir. Il pense à elle, à son trouble, à sa collègue qui ne sait pas. Le secret qu’il est seul à partager avec elle. Elle l’a fait pour lui, pour eux deux. Il aime ça. Ca l’excite.

« Intérieur de tes cuisses. Y passer ma main doucement ». Il envoie.

Elle sent sa main à la lecture du message. Elle sent ses caresses. Elle hésite entre serrer les cuisses ou les ouvrir un peu plus. Une envie naissante. Ce qui n’était qu’un jeu léger devient un jeu sensuel, excitant. Elle dépasse ses craintes initiales. Le trouble la prend. Elle veut répondre, l’allumer. Il a voulu jouer, elle hésitait, maintenant, elle veut aller plus loin.

« Un peu plus haut. Un peu plus à gauche. Voilà. Hum. ;-) » Elle envoie.

Il respire fort. En pleine rue, il éprouve un désir vif, prenant. Il la veut. Il ne peut. Frustration. Il sent le grain de ses bas sous ses doigts, la peau au-dessus de leur lisière, la chaleur de ses cuisses, la moiteur… Il bande en pleine rue, comprimé par son pantalon. Il essaie de trouver une contenance. Dans la foule anonyme, il se sent autant épié qu’à l’abri. Le désir est là, profondément ancré. Il ne peut plus penser à autre chose. Il voit son intimité, il la sent, il la respire, il la veut.

« Remonter jusqu’à ta chatte. Sentir la moiteur. » Ce sont ses mains à lui qui sont moites sur son téléphone. De la buée se forme quand il respire, mais son sang bat à tout rompre. Il a chaud, il a envie d’elle.

« Et écarter mes cuisses lentement mais fermement… hum… Arrête… Arrête… Arrête ! » Il lui a demandé si elle avait envie de se caresser. Si elle était excitée. À demi-mots, elle lui a écrit qu’elle aimerait, oui, mais qu’elle préférerait que ce soit lui qui lui procure cette caresse. Et maintenant, elle l’imagine sous son bureau, avec une vue imprenable. Elle écarte les cuisses. Elle veut qu’il la caresse. Là, maintenant. Elle regarde autour d’elle. Elle a l’impression que tout le monde sait ce qu’elle fait. Que tout le monde la regarde faire. Elle a chaud. Elle mouille, elle le sent.

Il ferme les yeux. Il se voit la caresser, recueillir son envie sur ses doigts. Il tourne sur lui même comme pour chasser cette image entêtante, obsédante. Il croit devenir fou. Son ventre crie son envie. Son sexe hurle. Ses mains tremblent. Il doit s’y reprendre à deux fois. « Et enfouir mes doigts au creux de toi. Envie. » Il espère qu’elle ne répondra pas. Le temps qu’il retrouve ses esprits. Il respire de plus en plus rapidement. Il n’a toujours pas trouvé la boutique qu’il cherchait.

Elle le déteste, l’aime, le veut, le maudit. Il la rend folle d’envie. Il la pousse dans ses extrémités. Il joue avec elle. Il l’excite. Et elle ne peut se libérer de cette envie. Elle a envie de son sexe en elle, de ses doigts, elle a envie de le prendre, de jouir, de le faire jouir. « Arrête, tu me tortures… Envie de jouir sous tes doigts… Envie de crier mon plaisir… Besoin de ta queue. »

Il sait qu’elle ne veut pas arrêter. Il a le souffle court. Il la sent tendue. Elle doit faire attention. Elle se mord la lèvre inférieure. Lui dit qu’elle veut qu’il la prenne là, tout de suite. Il serre les poings. Il se dit qu’il n’aurait pas dû jouer. Il se sent terriblement frustré. Et pourtant il lui répond qu’il aimerait se planter en elle, sans la déshabiller. Brutalement. Amoureusement. Elle lui demande de continuer en lui disant d’arrêter. Il ferme les yeux. Il ne peut plus arrêter.

Il regarde son téléphone. Il pianote.

« Prends-moi, aime-moi, baise-moi ».

Elle a envie de crier.

« Toi, baise-moi ! »

Il s’arrête de marcher, cherchant son souffle. Il se dirige vers sa voiture. Il n’en peut plus. Il doit se libérer. Il ne peut pas continuer comme ça. Et pourtant « Je te veux déchainée, affolée, chienne. »

« Te griffer le dos, te mordre l’épaule. Arrête. Je travaille là. »

Il arrête, le temps de rentrer chez lui. Sur la route, il voit défiler des images toutes plus provocantes les unes que les autres. Il conduit mal, il ne voit qu’elle et son envie. Il roule vite. Il ne tient plus. Il se sent pris au piège de son propre jeu.

Il arrive chez lui, relit tous ses messages, la revoit. Il l’entend à nouveau lui dire son envie tandis qu’il se prend en main pour enfin se libérer. Il se caresse en lisant ses mots. Il met peu de temps à jouir en se masturbant d’une main et en serrant son téléphone dans l’autre.

Le soir, après que la tension sera redescendue, elle lui apprendra qu’à peu près à la même heure, elle s’enfermait dans les toilettes de l’étage. Elle avait quitté son poste en redoutant qu’on remarque quelque chose de suspect sur la jupe de son tailleur. Elle s’était masturbée en silence, lisant les mots, entendant sa voix et son souffle. Elle avait joui en se caressant d’une main et en serrant son téléphone dans l’autre.

[gris]Gadiouka[/gris]

Commentaires (3)

  • petite française

    J’ai connu l’auteur de ce texte, texte qui a déjà plusieurs années publié sur un blog. Emprunt ?
    rendez à cesar etc.

  • gadiouka

    Vous devez faire erreur... Ce texte est de notre cru et n’a que quelque mois... c’est la première fois qu’il est publié sur le net !

  • MichelAime

    En tout cas, voilà un beau texte, excitant, décrivant parfaitement la montée du désir et cette excitation folle à distance, ne pouvant se libérer que par une masturbation libératrice.
    Bravo, j’ai apprécié ce texte.